Elle était là, assise sur un banc, à regarder les enfants s’amuser dans le parc. Sa robe de chambre volait légèrement au vent. Un sourire, oui un sourire sur ses lèvres, cela faisait bien longtemps qu’on n’en avait pas vu. Je m’assis à côté d’elle, elle me regarda souriante et me dit :
- Je suis heureuse.
Je souris à mon tour, mais dans ma poitrine mon cœur se serrait. Elle le savait mais ne semblait pas abattue. Son regard s’était de nouveau tourné vers les enfants qui jouaient et riaient.
Elle me prit la main et la serra fort, sa tête se posa sur mon épaule. J’aurais voulu l’aider, la consoler mais les mots ne venaient pas. Sous son sourire, sous ce masque se cachait un profond désespoir, mais elle était trop fière pour accepter le réconfort de quelqu’un et lui dire ce qu’elle avait sur le cœur.
Une larme coula sur ma joue, elle ne la vit pas, et je souriais, pour ne pas qu’elle ne se sente coupable.
Nous restâmes là, sur ce banc, jusqu’à ce que les enfants partent et que la nuit tombe. Nous ne dîmes pas un mot, pas une phrase, mais nous sourions et le contact de nos deux mains nous rassurait.
Je la raccompagnais alors jusqu’à "chez elle" et lui faisais signe de la main. Une fois sa porte refermée, je courais chez moi, claquais la porte de ma chambre, et je pleurais. Toute la nuit je pleurais, toutes les larmes de mon corps y passèrent. Je finis par m’endormir, ne me réveillant qu’au matin, les yeux rougis. Je retournais au parc et mon cœur bascula, le banc était vide. Je courais jusqu’à "chez elle" et entrais sans frapper. Elle était là, allongée sur son lit. Souriante. Je m’approchais, et tentais de sourire, mais ce sourire ne vint jamais…
Elle me prit la main et articula faiblement :
-Je suis heureuse…
Ce furent ses derniers mots, son âme s’envola avec eux. Je restais là, les yeux dans le vide.
Sa main lâcha la mienne, ses yeux se fermèrent, son sourire se figea sur son visage d’ange.
Je fus ramené à la réalité par les infirmiers, se pressant autour du corps de ma douce.
Pendant plusieurs jours, je restais couché, pris d’un mal appelé dépression…
Je me levai pour la voir, sur son lit, entouré de fleurs, des tulipes rouges, ses préférées…
Lorsqu’on l’enferma dans sa cage de bois, refermant son lieu de repos, une larme coula sur ma joue et je m’en fus. La bête avait triomphé et je n’avais rien pu faire.
Elle s’appelait Louise, elle avait quinze ans et je l’aimais…
| Elle a sourit => souri Son regard c’était => s'était ce cachait => se cachait trop fier => trop fière je courrais => je courais Ce fut ses derniers mots => furent Je me levis => je me levai |