Il y a quelques passages qui me gênent, si vous trouvez des solutions dites-le moi (oui j'ai envie de hug :3 )_____L'autre. Pronom indéfini. Personne indéfinie.
_____Toujours habillé en bleu. Bleu ciel, bleu larmes, bleu océan, bleu veine, bleu.... Bleu ecchymose.
_____Il ne vous dira jamais pourquoi. Il ne parle pas. Peut-être a-t-il peur de se fendiller sous sa voix...
_____Parfois, il se met face à la fenêtre du dortoir, ou celle du self, et il renverse sa tête en arrière. Il peut rester comme ça des heures, indifférent aux sonneries lancinantes, aux bousculades ou aux rires. Il n'y a plus que les nuages, là-haut, qui existent pour lui. Plus que le soleil qui lui brûle les yeux. Plus que la pluie qui mêle la terre et le ciel dans un gris infini.
_____Il ne bouge pas.
_____Et puis, sans qu'on sache pourquoi, il lève un peu les bras. De plus en plus. De plus en plus vite. Et il les baisse. Il les monte. Il bat des bras. D'abord lentement, calmement, mais il accélère, son visage se crispe, comme si un sentiment d'urgence le saisissait ! Il s'affole, ses bras s'emmêlent, il les agite sans cesse plus vite, sans cesse plus fort, soldat de plomb courant après le vent, s'essoufflant les bras, s'écorchant les yeux en l'air, muet hurlant à la mort... Mais le soleil plein de superbe ne rougit même pas, le monde coule sans prêter attention au jouet du marionnettiste fou.
Et tout à coup.
Il s'immobilise.
Les bras en l'air.
La tête vers le ciel.
Suppliant.
_____Le hurlement rauque de son souffle s'amplifie, se module, envahit son corps, sa gorge, sa bouche, puis se faufile dehors. Il enfle, emplit la salle, se glisse entre toutes les interstices... Son long cri semble pétrifier un instant le monde dans une chape de douleur. Et il se rétracte dans un dernier sursaut d'agonie.
_____Mais il est trop lourd. Le corps s'effondre. Pantin désarticulé qui rêve d'Olympe, le nez dans la boue.
_____Prisonnier d'un rêve rêvé irréel.
_____Parfois, ça lui arrive de scruter les autres, ceux qui jouent, parlent et respirent autour de lui ; il les observe comme des animaux étranges dont il tenterait de comprendre le mécanisme, ou alors il se contente de laisser ses yeux dériver sur eux. A quoi pense-t-il ? Peut-être qu'il se prend un instant pour un des leurs, peut-être qu'il croit brièvement que lui aussi sait faire rire, peut-être qu'il se demande à quoi ça ressemble, des bras qui vous serrent... Mais il n'arrive pas à sourire comme eux, juste comme la poupée de chiffon qu'il est, enroulé dans sa cape trouée, drapé de larmes et de cris étouffés.
_____D'habitude, on le retrouve le soir, prostré sur le carrelage froid, comme perdu ; mais aujourd'hui, aurait-il décidé qu'il avait trop erré entre les murs colorés ? Ses pas sont encore hésitants quand il arrive devant la salle. La porte n'est pas fermée à clé, pourtant il n'essaye pas de l'ouvrir. Il a l'air de ne pas savoir si il veut s'arrêter ou continuer, il trébuche et se retrouve face à la fenêtre. Lentement, presque intimidé, il lève la tête. Fixe le soleil. Ses mains n'ont pas à fouiller longtemps ses poches pour se resserrer sur un manche rond. Le contact doux est rassurant, et il sourirait presque... Mais il a beau fixer son reflet flou dans la vitre, il ne voit rien qui ne ressemble même qu'un peu à la douce chaleur des visages des autres.
_____Tant pis.
Bientôt, lui aussi sourira.
Et sa paume se resserre sur l'objet ami à cette pensée.
_____Sa main colore la poignée de la porte quand elle se pose dessus. Sur la vitre, une larme semble faire enfin rougir le soleil.
_____Titubant, il entre dans la pièce. Le silence tombe brutalement, le faisant encore trébucher, mais il se reprend tandis que les murmures repartent, bien plus fort qu'avant son arrivée. Il se redresse. Pas question de se laisser étouffer. Il ne compte plus les larmes qui tombent de ses joues : qu'importe, il sourit enfin.
_____Tremblant, il lève sa main. Contemple un instant la chair mouillée. Puis la tend. Le cercle autour de lui s'élargit dans une bousculade. Il hoquette. Mais ce n'est pas grave. Il sourit encore.
S'il vous plaît...Les regards horrifiés se posent sur sa bouche qui articule vainement des mots inexistants.
Juste une fois...Le son rauque se perd dans les chuchotements fébriles. Personne ne l'entend. Il aurait pu hurler qu'aucun ne l'aurait vraiment écouté. De toute façon, ils n'auraient jamais compris.
Pourtant, regardez, je souris, moi aussi...Il a enfin compris que ça ne servait à rien. Mais il essaye quand même. Que croyait-il ? Qu'il y arriverait ? Il n'a jamais rien réussi.
J'ai essayé, je vous jure... Mais je n'étais juste pas fait pour, c'est ça ?Le monde tourne. Il regarde sa main offerte. Tend l'autre. Voudrait observer le bleu de ses veines. Mais il ne les voit plus. Le rouge les a recouvertes.
J'aurais juste voulu...Le sol heurte sa joue quand il s'effondre.
...un ami...Il ne sait pas si les chuchotements sont toujours là. Il s'en fiche maintenant. Le marionnettiste s'est barré, il était saoul.
Son sourire tracé au couteau insulte le soleil.