[Exercice de 3ème retravaillé, la suite d'un film d'amûr qui nous laissait sur la phrase "mais le plus important, c'est la suite"]
Et la suite, c'est cette promenade dans Paris, la suite, c'est ce restaurant, la suite, c'est ce banc humide de pluie, c'est ce coucher de soleil, c'est ce chant absurde que nous avons gueulé face aux étoiles, ce sont ses bras qui m'effleurent, son rire qui emmerde le monde, ses mots soleils, et surtout, la suite, ce sont ses yeux. Des yeux bleu foncé, des yeux océan, qui m'attirent, qui m'enivrent, qui me perdent et me noient, qui me tendent les bras et auxquels je m'abandonne avec extase.
Le scooter vibre, le vent me fouette, et je sens entre mes bras son corps, je m'accroche à lui, percevant son cœur pulser tout contre mes doigts, à moins que ce ne soit le mien qui tambourine dans tout mon corps, envoyant du bonheur dans mes artères et jusqu'au bout de mes orteils. On s'arrête au bord de la Seine, le ciel est encore enflammé, le fleuve de l'amour aussi, et notre cœur encore plus. Rouge, couleur de la passion, de l'ardeur, du désir à en crever...
Je ferme les yeux un instant, ou peut-être une éternité, et aussitôt les images défilent.
Première nuit. Premières caresses. Premiers chuchotements des draps, premiers soupirs qui s'y mêlent. Première sueur partagée. Premier amour à devenir fou. Et premiers rêves ensemble, premier voyage, premiers jours sans rien d'autre que lui, première maison, premier enfant... Le prince charmant et sa princesse, tout va bien, tout est beau, tout sent l'amour. Et puis...
Premières insultes, premières disputes. Premières larmes. Première amertume. Première tromperie. Premier chômage. Premier huissier. Le prince charmant se soûle, les coups pleuvent. Ils se disputent, se quittent, se retrouvent, se promettent tout et oublient tout.
Premier divorce. Le prince se barre, la princesse boit pour oublier, elle passe son temps dans la rue, mendiant un peu d'argent ou un peu d'amour, souvent les deux en même temps, les enfants se battent et volent, ils dorment dehors pour ne plus voir les larmes amères de leur mère, elle les bat quand elle n'est pas trop ivre...
Une éternité, ou peut-être une seconde après, je rouvre les yeux. Me noie dans les siens. Élan irrésistible. Bouche contre bouche, corps contre corps, frissons de plaisirs, et l'amour pur qui brûle tout sur son passage et noie mes pensées...
La suite ? Je n'en sais rien, de la suite. Il n'y a que cet instant d'éternité, et la vie qu'il ouvre.