Lettre d’adieu
Chers famille et amis,
Si vous lisez ces mots, c’est que je ne suis plus de ce monde. On a fait plus original comme phrase d’introduction d’une lettre d’adieu, mais ce sont les seuls mots qui me viennent à l’esprit. Donc, si vous les lisez c’est que je suis mort, écrasé, noyé, pendu ou autre encore. Lorsque j’écris cette lettre je ne sais pas encore comment en finir. Enfin bref, vous ne savez sûrement pas pourquoi j’ai mis fin à ma vie. Pourquoi, donc, l’Alexis si souriant, si plein de vie et de joie a décidé de mourir ? Pour des mots, pour des choses, pour une personne, pour rien...
Des mots pour commencer, vous savez, ces mots qui se disent chaque jour partout dans les lycées, les rues, entre copains, entre camarades… « Sale PD », « tapette », « pédale », « bouffeur de bite », « tarlouze », « fragile » et bien d’autres encore… Ces mots qui peuvent sonner comme un « t’es con » amical pour vous, peuvent sonner comme un « anormal » pour moi. Vous me diriez si j’étais vivant : mais qu’est-ce que la normalité ? Et moi, je vous répondrais : je n’en sais rien mais je n’en fais pas partie. S’en suivrait un long débat, qui finalement se terminerait par un bref hochement de tête de ma part. Bien, passons au suivant, ces choses, massacre en Tchétchénie, dans toute l’Afrique, maison de redressement en Chine, manif pour tous, tabassage aux Etats Unis, en France, insultes partout dans le monde… Voilà la triste réalité de l’actualité gay dans le monde, rejet, mutilations, tortures et autres encore. Maintenant passons à la personne… Jules, Ô Jules… Maintenant que je suis mort, j’imagine que je peux enfin te le dire… Je t’aime… Tu es dans ma classe, nous sommes voisins en mathématique, en SVT et on se parle en physique chimie… Je n’ai jamais réussi à te le dire et c’est une des raisons de mon suicide… Comment toi, le mec populaire, pourrait-il sortir avec moi. Je ne connais même pas ton orientation sexuelle, peut être es-tu hétéro ou bien homo, ce qui expliquerait tes regards… Tes yeux si bleus, si profonds que lorsque tu me regardes j’y plonge entièrement, aspiré par ce bleu si intense… Plus jamais je ne verrais ce regard, je suis mort… Ils me manqueront, ces regards, tu me manqueras dans l’au-delà…
Enfin, le rien, ou plutôt pour l’inaction des gens, pour toutes les choses qui se passent dans le monde.
Sur ce je vous dis adieu, qu’aurais-je d’autre à vous dire ? Que je vous aime ? Vous le savez déjà ? Que ce n’est pas de votre faute ? Vous le savez également.
Adieu maman, papa, petit frère, petite sœur, amis, amant, camarade…
A plus tard dans l’au-delà ou qui sait dans une autre vie…
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