- Tu es prête, là, maintenant ? demanda-t-il.
- Euh oui ?
Souriant, il inclina lentement sa tête jusqu'à ce que ses lèvres froides frôlent la peau de mon cou.
- Tout de suite ? chuchota-t-il, son haleine glaçant na gorge. Je ne pus retenir un frisson.
- Oui, répondis-je, tout bas pour que ma voix ne se brise pas.
Avec un rire sombre il se recula. Il paraissait déçu.
- Tu ne crois quand même pas que je cèderais si facilement, railla-t-il.
- On a le droit de rêver.
- C'est donc ce à quoi tu rêves ? Devenir un monstre ?
- Pas tout à fait, mon rêve c'est surtout d'être avec toi pour l'éternité.
Son visage prit une expression à la fois tendre et mélancolique quand il perçut ma peine.
- Bella. Je resterai toujours avec toi, n'est-ce pas suffisant ?

-Es-tu suffisamment certaine d’être en pleine possession de tes capacités pour faire face à ce qui se profile dans un futur qui n’est plus en mesure d’être considéré comme lointain, là, maintenant, tout de suite, sans tarder plus longtemps que la prochaine minute ? demanda le personnage de sexe masculin qui se tenait en face de ma propre personne.
-Eh bien, ma réponse fait presque entièrement partie du domaine de l’affirmation totale, quoique je jugerais bon de me risquer à formuler une légère interrogation.
Effectuant un redressement des muscles des commissures de ses lèvres, il fit basculer l’intégralité de sa boîte crânienne à une vitesse très réduite afin que l’extérieur de sa cavité buccale entre en léger contact avec l’enveloppe épidermique de mon cou.
-Cela peut-il vraiment se réaliser dans l’immédiat absolu ? articula-t-il tout en expirant de manière quasi-silencieuse (mais pas totalement), le souffle qu’expulsaient les viscères placés dans sa cage thoracique refroidissant considérablement l’endroit où aurait dû se trouver ma pomme d’Adam si j’avais été biologiquement capable de produire spermatozoïdes et testostérone. Je fus dans l’incapacité de contenir le léger soubresaut qui parcourut l’ensemble de mon enveloppe corporelle.
-Je ne saurais être davantage affirmative, déclara ma modeste personne à un volume suffisamment bas pour que mes cordes vocales ne me fassent pas défaut.
Tout en réalisant une série de contractions diaphragmatiques accompagnée de respirations saccadées possédant une teinte ma foi peu colorée, il mit volontairement une certaine et imprécise distance entre nos deux anatomies. Son expression faciale m’évoquait une forme de déception.
-Tu n’aurais tout de même pas eu la naïveté d’émettre neurologiquement une hypothèse selon laquelle j’aurais accédé à ta demande de manière indubitablement évidente ? ironisa cette insupportable chauve-souris humanoïde aux attributs dentaires aussi bien alignés que ceux d’une femme tournant dans une publicité pour Colgate.
-Il me semble qu’il nous est légalement possible d’accéder à la partie paradoxale de notre sommeil.
-Tes songes se résument-ils donc à ce que ton corps subisse une drastique métamorphose, devenant le réceptacle de l’âme d’une créature qui n’est ni humaine ni animale ?
-Ton opinion ne saurait être acceptée au sein de la demeure de l’exactitude ; je n’aspire plus qu’à savourer ta compagnie nuit et jour pour une durée que l’humanité ne sera jamais en mesure de définir.
L’ensemble de ses muscles et organes se trouvant entre son cuir chevelu et son cou se mut dans le but de sembler tendre et mélancolique à la fois (si tant est que la chose fût réalisable), au moment même où il détecta de manière purement emphatique le sentiment de chagrin qui avait envahi l’humaine que j’étais encore.  
-Prénom d’origine hébraïque ayant fait son apparition en France au début du XXème siècle, pouvant être interprété comme le diminutif du prénom intemporel Elizabeth dont la fête est fixée à la date du 22 février et dont le signe astrologique associé est le bélier. Je demeurerai à tes côtés pour le restant de tes jours et des miens, te suivrai partout et en toutes circonstances, tout comme les cinq cent trois gosses à moitié vampires que je vais te faire et dont tu vas évidemment t’occuper toute seule, étant donné que je serai bien trop employé à appréhender le moindre de tes gestes. Alors, heureuse ?