Je me suis fait la même réflexion qu'Ore pour le haïku
Puisque le poème est court, essayons d'en faire une analyse plus poussée :
"Un bruit sourd, éloigné, puis néant."
Le premier vers est assez oppressant, le bruit évoque un danger qui bien qu'éloigné demeure une menace imminente. Le néant a quelque chose d'angoissant également.
"Les animaux attentifs, dressés."
L'attention des animaux suggère également que quelque chose de dangereux se prépare. On peut noter la polysémie de l'adjectif "dressé" qui indique soit la position debout, soit la domestication de l'animal. Il y aurait une connexion à établir entre la présence de l'homme (ou plus généralement le danger) et une certaine tension traduite par l'attitude des animaux.
"Les feuilles immobiles, sans vent.
Ce vers est un écho au silence du premier vers et à l'immobilité de la scène. L'absence de vent ajoute à l'impression de suffocation que l'on percevait déjà auparavant.
"La roche secouée, malmenée."
Ce vers est intrigant, il contraste avec l'impression d'immobilité du début et le mot "malmené" nous rappelle la présence désormais indéniable d'un possible danger, d'une possible violence.
"Les hommes préparés ;
Les hommes dévastés."
Le changement de strophe qui révèle la présence humaine ne semble pas anodin. Étrangement, la menace, que l'on aurait crue venue des hommes semble effrayer ceux-ci ("dévastés") alors même qu'ils étaient les plus à même de lutter contre elle ("préparés").
"Puis des ruines jaillit la brise du printemps ;
De sinople, à une fasce d'azur brochant."
L'apparition du printemps est assez violente, comme une présence vivante ("jaillit") parmi la mort ("ruines"). Les termes "sinople" et "fasce" évoquent un blason, d'où une connotation guerrière. La "brise" brise (ah ah) cependant cette image en évoquant une certaine douceur.
Conclusion : ce poème le laisse sceptique et pleine d'interrogations, ce qui n'est pas négatif.
J'avoue cependant que je reste assez hermétique face à ce texte, il est beau mais il ne me touche pas particulièrement. Les rimes sont assez faciles. Je préfère les deux derniers vers, parce qu'ils créent une rupture de construction grâce au verbe conjugué et que j'aime cette tournure assez elliptique : "De sinople, à une fasce d'azur brochant.". J'aime bien la couleur, tout simplement.
Bref, pas mon poème préféré de toi, mais j'ai apprécié quand même ~