Tu l'auras voulu :
Le titre semble être un savant mélange entre « Gno » et « yeux ». Je ne l'aurais peut-être pas noté si cette dernière ne m'avait fait remarquer que tu faisais une fascination sur ses yeux :')
J'ajoute que « Ses gneux » va très bien avec son côté grincheux (je brûle d'envie de vous poster une petite photo, mais je ne pourrais le faire qu'avec l'accord de l'intéressée).
Lisons le texte :
« Levant les yeux, je vois autour de moi, dans cet environnement de bois, de multiples couleurs qui, faisant écho avec émoi aux effluves de sueur parcourant la cabine, évoquent avec moiteur ces lutteurs valeureux qui ont plus d'une fois eu raison de la loi. »
Évidente mais magnifique assonance en « oi », allitération en « eur ». Je n'aime pas donner de sens aux sonorités, ça me rappelle les cours de français ou on pouvait faire dire à un texte tout et son contraire. « L'allitération en « eur » montre que le temps passe, etc. » Pff, basuras !
Le narrateur semble se trouver sur un vieux navire, un décor qui me plaît beaucoup. Ces « multiples couleurs » m'intriguent de même que « l'effluve de sueur » car enfin, pourquoi mon esprit mal placé verrait-il de la sueur dans une cabine ?
Le tout donne une ambiance rassurante, liée au bois (matériau traditionnel, classique, familier) et à la moiteur qui donne une impression d'ennui.
Cela contraste quelque peu avec les « lutteurs valeureux qui ont plus d'une fois eu raison de la loi ». Des mercenaires ? Des soldats devenus pilleurs ? J'avoue ne pas avoir d'idée précise là-dessus.
« Parmi la brume, au plus profond d'elle et pourtant non loin de sa lisière, les lueurs en question s'agitent, s'entrechoquent et partent bien souvent rejoindre leurs homologues au tapis, même si ce n'est que pour mieux se redresser, tenter d'être Tsar à la place du Tsar et s'approcher un peu plus que les autres des étoiles. »
L'atmosphère en plus d'être moite devient brumeuse. Cet étrange « au plus profond d'elle et pourtant non loin de sa lisière » contribue à notre incertitude. Cela contribue à l'idée d'immobilité qui règne pour l'instant dans ce texte. Le paronomase « lutteurs »/ « lueurs » a son petit effet, d'autant que ces lueurs semblent se battre comme l'indiquent les verbes d'action « s'agitent », « s'entrechoquent », « partent […] au tapis » et « se redresser ». Il est encore une fois mis l'accent sur la valeur et la bravoure des combattants.
« Tsar à la place du Tsar » me fait penser à Iznogood, mais je me demande si la bande dessinée n'a pas pris cette référence ailleurs. Pour info, je ne l'ai jamais lue. Il faut noter aussi un accent russe dans ces propos. Armée Rouge ?
« Au centre indéfini de ce jeu incessant et chaotique, la grisaille semble abriter une étoile décrochée, peut-être une de celles décrites dans le dernier Livre, qui aura échappé au dragon. »
Le centre ici joue le rôle d'épicentre puisqu'il commence à y avoir du mouvement, un « jeu incessant et chaotique ». La grisaille du début est percée par la lueur d'une étoile, ce qui créé un contraste obscurité/lumière, immobilité/mouvement, routine/événement majeur. Je n'ai pas lu l'Apocalypse, mais il me semble plausible que l'allusion au dernier Livre et au dragon en provienne. Dans le cas contraire, c'est peut-être un autre texte religieux (un truc plus oriental) et sinon absolument aucune idée.
Je vais aller un peu plus vite à partir d'ici, sinon je ne posterai jamais mon commentaire x)
« Son éclat faiblit ; mais par chance le ballet incessant des lucioles astrophiles paraît le conserver, voire le raviver petit à petit. »
J'aime le mot "astrophile"
« La brume n'a pas l'air de vouloir se disperser pour le moment ; il faudra donc attendre encore pour percer le secret de toutes ces beautés manquant d'opacité. »
Hum... des beautés transparentes donc ? L'opposition entre la transparence et le secret constitue une antiphrase qui interpelle.
« D'une main tremblant de hâte, je referme les petits rideau oranges et m'élance, d'un pas vif, dans les escaliers menant aux embruns. Soufflé par le froid qui règne à l'extérieur, j'enfile une veste supplémentaire sans quitter des yeux la danse qui a lieu à bâbord, ce nabe où s'emmêlent pêle-mêle lucioles, vers luisants et naines rouges. »
J'apprécie l'ambiance frileuse de ce passage
Nabe = fondue ???
« naines rouges » me fait penser à un nom de fourmi. Je n'ai là-dessus que les connaissances que m'a confié Werber. Cela pourrait être une confirmation de cette allusion à l'armée rouge. En même temps, ce type de fourmi n'a pas été choisi au hasard, déjà une fourmi ce n'est pas grand, mais une fourmi « naine ». Pourquoi tant insister sur le côté minuscule des créatures ?
*jette un regard à Mid puis comprend*
« Le bâtiment n'est pas encore pris dans la purée de pois, ce qui permet de voir, au ciel, un cône métallique croiser à basse altitude, laissant voir, sur sa coque, les initiales de son nom, L.C., finement gravée dans l'emballage gris. »
Ces initiales m'embêtent, elles cassent tout mon raisonnement :')
Le (fromage est) Coulant ? xD
Je trouve ce passage un peu mystique sans pouvoir expliquer pourquoi
« Au sol, l'eau est calme et n'émet qu'un étouffé clapotis en tapant contre les fondations. »
Joli.
« La lumière inexistante ne permet pas de voir, à dix pas devant moi, cette boute que je sais pourtant être là, soigneusement lovée et nichée contre le bastingage. »
Boute = tonneau d'eau douce
Une impression de pureté qui se dégage de cette eau douce perdue au milieu d'eau salée ?
Absence de lumière une fois de plus.
Vocabulaire "câlin".
« La lisière me séparant de l'inconnu se rapproche doucement, au fil du temps, alors que rien n'anime le navire. »
Immobilité déjà relevée.
Présence de l'inconnu. Qu'est-ce ?
"Là, dans cet espace en dehors du temps, où tout semble figé et où seules des pointes de couleur laissent présager d'une orientation et me permettent, couplées au battement répétitif de mon cœur, de m'assurer de ma propre survie, tu apparus."
Je ne commenterai que le "tu apparus". Il se détache du reste puisqu'il s'agit d'une proposition assez courte par rapport au reste de la phrase et mise en valeur par la présence d'une virgule. J'aime beaucoup comment tes personnage féminins apparaissent comme des fantômes ou comme des déesses :')
"Ainsi surgie de la brume, peu vêtue et toute menue, je crus à une naufragée perdue. Ton salut entre les mains, je jetai machinalement une bouée dans ta direction, sachant bien que je n'aiderais en rien. Ayant perdu tant la vitesse que la bouée, tu dérivas sur quelques mètres avant de heurter la coque du navire et de t'y hisser, non sans une apparente difficulté que je ne pris guère la peine de soulager. Une fois sur le pont, je pus m'avancer, souhaitant t'aider et t'examiner, rongé que j'étais par l'esprit français de curiosité."
Je suis amusée de voir comment tu mets toujours tes narrateurs en situation de "chevaliers sauveurs de demoiselles en détresse", c'est très mignon
"Dégageant de ton front des cheveux trempés par l'aventure marine dont tu t'étais toi-même libérée, soulevant tes paupières rougies par l'eau et la fatigue, je prends conscience de la beauté de cette douce créature échouée."
On dirait une sirène, c'est une belle image
"Au loin, parmi le brouillard, le cœur s'est éteint pendant la période d'inattention dont je sors. À présent, les intensités lumineuses semblent avoir un rythme plus lent, comme si elles étaient touchées par la disparition de l'étoile fanée qui leur faisait centre. Alors que je porte de nouveau le regard sur ton visage endolori, tes paupières se soulèvent, laissant apparaître deux iris sombres hésitant entre le noir profond du jais et les touches de marron parsemant la bordure extérieur de la pupille. Plissant instinctivement les coquillards, tu les détournes hâtivement et te promènes sur la rambarde métallique, non loin derrière moi."
L'impression que la fulgurante apparition de la demoiselle semble se ternir un peu. Elle paraît un peu absente, transparente.
"Plus je regarde ces yeux et plus ils me semblent noirs, plus ils semblent m'avaler, plus ils semblent m'accaparer. En une fraction de seconde, je suis emmené de force dans un monde clair aux contours vagues ; j'y suis bercé, j'y joue paisiblement. Partout, tes yeux me fixent, tantôt rassurants, tantôt désirés. Je m'y déplace non sans difficulté ; mais à chaque pas qui me rapproche de ces châsses exquises, le monde se fait plus clair. De tous côtés, le paysage est idyllique ; mais seules tes iris me guident, réveillant en moi une envie viscérale de les posséder, de les embrasser et d'y voir s'embraser un amour fondé. Ce souhait profond, cette haine insatiable de ce qui ne permet de l'accomplir, je ne les connais que trop ; mais cette fois, loin des sclérotiques immaculées, ce sont ces pupilles pour lesquelles je ne peux développer que de la concupiscence. Bientôt, toutes les parois de ce monde bucolique se recouvrent de ton image ; et, bien plus vite encore, les pans de mon cœur se voient tapissés de ton regard."
Eh, pas touche à ma soeur D:
"D'une voix faible, tu me souffles doucement, au creux de l'oreille, m'extirpant de ma transe : « Ne les regarde pas. Je t'en prie, ne les regarde pas. »"
C'est joli et bizarre, je trouve que c'est le plus beau et le plus fort moment du texte
"L'interloquation est telle que mes cils se joignent rapidement. Échappant aux ténèbres, je me réfugie dans la pénombre. Et lorsque je dissocie enfin les phanères de structure filiforme, à mon plus grand désespoir, tes yeux sont partis, ton visage est absent, ton corps est perdu."
L'absente est absente, la boucle est bouclée ^^
Pour résumer, ce texte me laisse avec de multiples interrogations et n'est pas mon préféré de toi même si j'admire la qualité de ton travail. Navrée d'avoir bâclé la fin de ce commentaire, mais je ne peux pas me permettre d'y consacrer plus de temps