Du haut de ses deux décades, il sent la prééminence de la jeunesse couler dans ses veines et cohabiter avec la sagesse accumulée. Un jour, l'on vient à sa porte, l'on l'importune, l'on le hèle dans la rue. Paisible et serein, curieux, il ouvre la porte, il courbe l'échine, il tourne la tête. Un vieillard le vient voir ; d'une voix éraillée, il lui souffle à l'oreille et le force à l'écouter. « Tu mourras aujourd'hui », expire l'homme dégarni avant de disparaître. Très vite, il est seul sur les pavés, et il cherche à rentrer.
Dans sa demeure, le nord a pris la place du sud, et il enjambe les meubles atterrés pour rejoindre son bureau. Là, il le soulève, et tire d'un compartiment discret une hache travaillée. Il n'aime pas la mort, partagé entre sa peur et son dédain. Cette fin lui apparaît comme un problème, et voilà bien ce qu'il déteste. De sa porte arrive en trottinant le vieillard précédent. « Tu ne vas pas tout de même pas tenter le diable ! » Il va s'y atteler, pourtant. Il veut le défier, Satan. De sa hache empoignée, il répond au manant et lui tranche la main, admirant sa barbe rougie.
Il enjambe le macchabée et se dirige vers un salon de thé ; là, il entre, sa hache toujours à portée, et rejoint les Enfers par le sang. Il est bien décidé à le tenter, le Diable, et il ne semble pas prêt à démordre de son idée. Dans ce lieu invivable où brûlent les comptables, il s'avance, triomphant, son arme à la main et recherche du vin, qu'il trouve sur une verte colline. Repus, il part à la recherche du Diable ; sur son chemin, il rencontre Cerbère, qu'il combat ardemment. Au cœur de la bataille, sa hache en l'air et son autre main contre les crocs superbes du chien, il voit sa jambe être arrachée. Il se vide de son sang et meurt, vaincu, attristé d'avoir souhaité le tenter.
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- Après-propos:
Petit texte à la
Colorado. J'espère que vous aurez apprécié de le lire. N'hésitez pas à mettre un commentaire, ça fait toujours plaisir ~
| bien décider => décidé |