Vous pardonnerez la qualité ?

Fragrance indélébile. Je tente d'oublier, mais c'est impossible. L'odeur est gravée en moi. Elle caresse ma peau, obstrue mes narines, glisse sur mes cheveux ; elle est rivée pour toujours à mon cœur volatile. Rien ne pourra l'effacer. Où que j'aille, cette senteur fantôme me suit. Elle s'agrippe à moi désespérément – ou est-ce l'inverse ? Une part de mon être ne peut se résigner. Oublier serait renoncer. Ce serait inacceptable. L'odeur de livres neufs, de café et chat ! L'odeur boisée, forestière, l'odeur d'un automne qui n'en finit pas de passer devant la fenêtre, l'odeur du feu qui ronronne dans la cheminée, ses flammes moustachues vibrant dans l'âtre, son corps souple roulé en boule autour des bûches.
Il est parti, comme ça. Il n'a laissé qu'un livre déjà lu, une tasse sale dans l'évier, un chat qui regarde le temps qu'il fait. Et son odeur. Encore là, malgré lui. Il aurait voulu tout emporter, jusqu'à mes souvenirs. J'ai un peu résisté. Je peux encore me rappeler.... Mais, finalement, peut-être aurait-il dû tout prendre avec lui. Enfermer dans sa valise son irrésistible senteur. Ça m'aurait fait moins souffrir, mais c'était sans doute son but ?
Son odeur. Comme la fumée d'une cigarette, elle m'apaisait. Cette odeur qui imprégnait les draps, qui se mêlaient aux fibres du tissu. Quand il n'était pas là, je m'allongeais sur le lit et respirais longuement ce parfum, drogue raffinée.
Le chat bondit. Le feu tressaute. Je tourne la page. Je ferme le livre. Je rince la tasse de café. Je défais le lit. Je mets les draps à laver. J'ouvre la fenêtre, pour aérer. Je regarde les gens, en contrebas, qui marchent, pressés et renfrognés, dans la même chorégraphie urbaine. C'est leur quotidien. Je les plains et les envie en même temps ; le mien s'est envolé.
Il ne reste plus rien de lui, à présent, seulement son odeur qui saute par la fenêtre.
Mon cœur avec.

Je pardonne, patate

En tant que descendante de Jean Baptiste Grenouille, j'aime ce texte !
C'est intrigant en fait, on voudrait en savoir un peu plus sur Lui

Maze a écrit:

Il ne reste plus rien de lui, à présent, seulement son odeur qui saute par la fenêtre.
Mon cœur avec.

A-Maze-ing *.*
J'aime beaucoup l'intensité dramatique de la fin, et personnifier une odeur c'est juste parfait

Merci Meredith !
En parlant d'une odeur, la référence à ce livre s'imposait ! ^^

Ah que coucou !

C'est un écrit assez agréable à lire. J'ai cru que tu parlais de l'odeur d'un homme ^^ Mais c'est assez intriguant vu qu'il y a plein de détails qui ne me font pas croire ça ... Enfin, en fait, je me demande quels rapports ils auraient avec ça.

C'est super bien patate
(excusez le manque de constructivité, j'ai un brevet blanc à réviser )

Merci pour vos commentaires !
Et bon courage Mid ^^

Je viens de lire et j'adore. C'est court et il n'y a pas de défaut visible (ou lisible, peu importe) donc faire un commentaire constructif est un peu difficile, désolée.

Je tenais à dire que c'est assez original dans le sens où tu te concentres sur l'Odorat alors que la plupart du temps les textes font plus appel à la vue ou l'ouïe.

Bref j'aime beaucoup.

Tu vas nous poster d'autres textes ?

J'aime cette énigme qu'il représente, tout parle de lui, mais rien ne nous donne d'indice. Je trouve que la tournure que tu donnes à ton texte nous retient bien après la fin de la lecture. Je ne sais pas si ça l'a fait à tout le monde, mais j'ai eu envie de le relire, pour savoir si quelques éléments pourraient m'aider à en découvrir un peu plus sur "lui".
Enfin, les deux dernières lignes résument en gros le texte (enfin à mon avis) et je trouve cela parfaitement bien placé.

J'ai envie d'en lire plus

Lulla : Oups, désolée de ne pas avoir répondu plus tôt... Mais c'était un peu compliqué ^^

Daemoon : Merci beaucoup ! C'est gentil de ressortir des vieux textes

Je tire des textes au hasard et je suis tombée sur le tien, chanceuse que je suis
Etant nouvelle je ne pouvais pas en effet l'avoir lu avant ^^