J'ai ce truc en tête depuis octobre dernier et je suis contente de l'avoir ENFIN concrétisé même s'il n'est pas parfait (parce qu'il n'est pas loin de l'être )L'enfant partie cueillir près de ma chair aride
Un peu plus de terreur, un peu moins d'oxygène ;
Est allée s'enlaidir à mes lèvres fétides,
Pour ne perdre sa fleur dans le sang des fontaines,
Et la voir se flétrir près de ma chair aride.
Elle est venue s'unir à ma langue d'acide,
Mon poison aguicheur distillé en ses veines
Va bientôt avilir ses petits doigts avides
D'ennoblir la douleur en expérience vaine :
Elle est venue périr pour mon baiser d'acide.
Si je pouvais fournir à sa pensée un guide !
Au gré de flots de peur, vaisseau sans capitaine,
Rêvant s'anéantir en cent gouffres splendides,
Elle aime mon odeur d'effroyable sirène :
« Toi qui sais où mourir, veux-tu être mon guide ?
Je ne puis plus souffrir nos caresses timides
Apprends-moi le bonheur, mets un terme à mes peines,
Comment nous assouvir ? Je suis l'enfant stupide,
Fruit de trop de candeur pour ces joies incertaines.
Quel sera l'avenir des caresses timides ? »
Elle a su attendrir mon essence perfide
A plonger dans l'erreur en restant si sereine.
Il faut pourtant servir la vérité morbide
Aux yeux adorateurs de l'enfant hors d'haleine,
Elle a su m'attendrir, mais mon âme est perfide.
« Regarde leurs désirs, convulsions impavides :
Le démon de nos cœurs les brise en porcelaine,
Arrache des soupirs à nos éphémérides,
Et amplifie tes pleurs de pucelle pérenne.
Regarde mes désirs, semblent-ils impavides ? »
Manquant de défaillir, l'enfant aux joues humides
Réclame exorciseur au feu de sa Géhenne,
Puis pour mieux démentir ces mots infanticides,
A coup d'ongles rageurs, fouit de toute sa haine
Là où se fait sentir un succube humide.
Sa main paraît faiblir, ne griffe que le vide.
Ses seins accusateurs pointent notre fredaine,
La vierge veut s'enfuir mais s'écroule livide,
Son corps est sans chaleur au milieu de la plaine :
Il semble contenir tout l'infini du vide.