Un texte qui date un peu dans mes fichiers mais j'ai trouvé que ça a posté et je sais pas j'avais envie de poster et on en a parlé sur la CB et voilà...Sa narine déraille sur la cuvette et la poudreuse purge son système nerveux. Son souffle se fait sauvage, rauque. Un frisson. Une minute, deux minutes. Ses yeux bleutés roulent et son esprit se délite, s’évapore dans une tendre euphorie ; la cigarette tournoie entre ses doigts et la fumée embrume son visage. La cendre cède et s’étale sur le carrelage laiteux, dégueulasse. L’eau croupie caresse ses cuisses et un second frisson la parcourt. Sa main effleure le sol et son visage s’apaise tandis qu’hurlent deux amantes dans la case voisine, deux putes éméchées en cœur. Scène ravissante.
Elle se relève délicatement, soutenue par la chaude hystérie adjacente, étire ses membres au rythme des cris, chaque note est l’ascension de la précédente, plus farouche, plus violente, et les hurlements se fondent, s’unissent ; les corps deviennent une unique masse charnelle, un bloc sensuel, immuable. Les amantes exultent. N’a jamais compris pourquoi elles gueulent ainsi. Amour. Préfère les doux gémissements et les suaves contractions, lorsque leurs corps se collent au mien, pas des bêtes qui sursautent et grimacent dans d’atroces beuglements.
La porte s’entrouvre et un vacarme s’engouffre dans les toilettes, un vent de vociférations animales, de rires ivres et de bouteilles fracassées. Une silhouette décharnée surgit et dégueule dans le lavabo ; elle relève doucement sa face fardée, des cernes de chair sous les yeux, des prunelles vitreuses, vides. « Hey Juliette, tu t’es rasée la tête, murmure-t-elle. ». Mes doigts glissent sur mon crâne, un étrange picotement. Cette fille me dégoûte ; répugnante ; cette blondasse platine, droguée jusqu’à la moelle et ramonée compulsivement ; que ne ferait pas une fille sans père pour une once d’attention masculine. Déteste ces gens, me déteste moi-même parfois. De la haine partout en moi. Cette fille me ressemble trop, beaucoup trop. De la haine qui déborde, de mes pores, mes narines, même de ma putain de chatte en chaleur. De la haine dont je ne sais que faire.
« Stone a bouffé la chatte à Johannsen, je les ai vues. Juliette, tu m’écoutes ou merde ? Bordel, toi et tes pensées, une putain d’histoire d’amour. ». Johannsen, adepte des lubrifiants exotiques. Fille facile. A bon gout en dessous de la ceinture mais ne sait pas se servir d’une langue. Me la tape de temps en temps, pour décompresser, une fille facile. Avec Stone ? Stone n’est plus avec Marie ? Stone est sexy dans ses débardeurs et ses shorts, son petit tatouage sur la nuque. A des yeux de lapins, ça lui va bien. Mais Marie est une sacrée bombe… Sacrée bombe… Un jour, à moi, peut-être, sera mienne.
« Je suis allée à l’enterrement de Tania, tu sais. Tu aurais dû venir, elle avait l’air apaisée, toute blanche dans son cercueil, si frêle, dans une jolie robe, les cheveux bien coiffés, si belle, ses adorables cheveux blonds qu’elle foutait n’importe comment d’habitude… Tu t’en souviens ? Sa coupe débile alors qu’elle en avait de si beaux. ». Ses pieds tournent et tournent dans un sens, s’arrêtent, et repartent dans l’autre sens. Tournent et tournent encore, à droite puis à gauche, jamais ne s’immobilisent. Était ma préférée. Négligée, désabusée, presque vaniteuse, magnifiquement magnifique, un ange, au-dessus de nous tous. Et ses pieds. Valsent et dansent ; un, deux, trois ; un sens, stop, autre sens. Magnifiquement magnifique.
« Je divague bien trop souvent ces derniers temps. Je ne sais plus ce que je dis, ce que je fais. Tu crois que je deviens folle K. ? ». Ma tête rasée désormais. Les siens étaient si gracieux. Si soyeux. Ne supporte plus mes cheveux. Ni mes pieds. Haine ; encore. Un flot monte en moi, une vague se propage, mes extrémités s’engourdissent, une étrange sensation me saisit…
… Elle convulse contre le mur, de la moisissure entre les dalles blanchâtres, elle se contracte, de l’eau pourrie au sol, sa gueule s’ouvre et un hurlement aphasique perfore l’air nauséabond, elle saisit sa tête et la colle contre son ventre, sa joue sur son nombril, un sentiment si délicat, le tendre contact après l’acte. « Déjà Juliette ? Je m’échauffais à peine. ». K. parle toujours trop après le sexe. Duchesse de la fanfaronnerie orgasmique.
| Cette fille me dégoute => dégoûte ne sais pas se servir => sait |