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 Los Caprichos [S]
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Meredith Epiolari

Meredith Epiolari

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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:08

63) Hannah :

Un palindrome est un mot très joli que l’on peut lire à l’endroit comme à l’envers. Hannah était également jolie et je crois qu'elle se faisait baiser dans tous les sens possibles. Elle portait le vice sur ses épaules comme un manteau précieux.
Je l'ai baisée moi aussi. Il n’y a pas d’autre mot. Je crois que ce n’était qu’une question de temps avant que je ne cède à cette odieuse tentation qui consiste à renier la beauté du sentiment. Il est heureux que cela se soit produit avec elle plutôt qu’avec l’innocente Clarisse.
Je ne voulais plus de beauté. Je visais le plaisir, ou un simulacre de plaisir, le plaisir des orgies, des pires débauches, du libertinage. La beauté n’était bonne qu’à affamer les cœurs, je ne pouvais atteindre un tel degré de désintéressement.
J’allais même jusqu’à rechercher la laideur. Il fallait qu’il soit le plus répugnant possible, que cela sente la sueur, le foutre, la baise. Nous devions éliminer toute odeur de bienséance et d’amour, pour que ceux qui pénétreraient dans cette pièce après nous sachent que je ne l’aimais pas, que je l’avais baisée comme on baise une putain.
Mon impétuosité la faisait rire : elle était déjà passée par là. Elle ne cherchait pas à me contenir, mais répétait avec la sagesse résignée de celle qui a vécu :
Tu penses ce que tu dis maintenant parce que tu ne fais que commencer. Mais lorsque tu finiras par perdre le contrôle, tu comprendras que cette existence n’est pas pour toi. Tu as un cœur Tu en as encore un. Bientôt, tu mourras d’effroi en repensant à tes paroles d’aujourd’hui.
Je ne l’écoutais pas. Je jubilais en songeant que, peut-être, j’avais trouvé la clef que je cherchais depuis si longtemps. C'était sûrement comme cela que l'on comblait l'infini, en copulant comme une bête. Il y avait de bonnes chances pour que le sentiment soit un poison qui empêche la délivrance.

Elle était fatiguée de mes questions intérieures, sans doute parce qu’elle-même les avait déjà mille fois débattues. J’avais la certitude en la quittant d’avoir compris d’où venait l’absurdité de la vie, à savoir des sentiments. Même si ce n’était pas le cas, notre rencontre m’avait fait du bien.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:09

64) Alice :

Comme Hannah l’avait prédit, j’ai connu une période d’effroi en repensant à ce massacre des sentiments auquel j’avais participé. La beauté était la seule chose à laquelle se raccrocher en l’absence de bonheur, pouvais-je prétendre la laisser derrière moi ? De plus, il restait encore quelque chose de bon en moi, une conscience de ce qu’était le droit chemin et un désir d’y rester.
Il me semble qu’Alice était la dernière des femmes qui pouvait encore m’empêcher de plonger. Elle était immense. Quand je la voyais s’étirer à mes côtés, je souriais en pensant qu’elle semblait se déployer à la manière d’une longue vue. J’ai osé un jour lui demander si elle avait été mannequin, elle s’est contentée de rire.
Elle m’aimait et je l’aimais aussi, c’est la dernière femme que j’ai la certitude d’avoir aimée. Pourtant j’ai saboté tous ses efforts pour faire de moi quelqu’un de bien, et ce par pure provocation.
Je l'ai trompée sans vergogne sous le prétexte que je désirais vaincre l'infini. Argument fallacieux qui me convainquait à peine moi-même. Je devais bien avoir compris depuis le temps que cela ne servait à rien. Je voulais tester ses limites.
Aimais-je les femmes pour qui je la délaissais ? Je ne sais pas. Je me trouvais des excuses. Était-elle si grande la frontière entre le fantasme désarçonné et le noble sentiment ? L’essentiel n’était-il pas le plaisir, le plaisir avant tout ?
L’effroi était toujours présent, mais je ne pouvais retrouver la pureté originelle des mes sentiments. Je me confrontais au même dilemme atroce. Je me prenais à songer que la jalousie sexuelle et la monogamie n'étaient qu'un ridicule tissu de conventions destiné à blesser les dindons d'une farce amère.
Si j'étais là lorsqu'elle avait besoin de moi, que lui importait ce que je faisais de mon temps libre ? D'ailleurs - je le croyais tout à fait - ne pouvait-on pas s'attacher à plusieurs femmes à la fois ? Je ne lui interdisais pas après tout d'aller dans les bras d'un Autre.

Seulement elle avait besoin de ma constance pour se sentir aimée et respectée. C'est beau de jouer avec une femme, mais j'aurais dû savoir que je ne gagnerais pas. Je n'ai rien pris en compte, elle n'a pas supporté et elle avait raison. J'ai longtemps souffert de son absence, mais je sais que j’ai mérité mon sort.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:10

65) Joséphine :

Ce n’est que suite à cette amère défaite que j’ai réellement renoncé à vaincre l’infini, comprenant que c’était une mission vaine. J'ai arrêté les aventures débridées. J'avais besoin d'une présence plus stable, plus sérieuse.
Joséphine l’était sans doute trop pour moi. Nous avons vite établi une sorte de routine crasseuse. C’est peut-être cette routine qui s’est substituée à la beauté et à l’excès, qui ni l’une ni l’autre ne pouvaient me combler.
Cette relation avait quelque chose de rassurant. J’agissais en conformité avec ce que l’on attendait de moi, me concentrant sur le bonheur d’une femme. J’ignore si je l’aimais, à partir de cette période je ne faisais plus la distinction entre l’attirance et l’amour. J’aurais pu vivre avec n’importe quelle femme, du moment qu’elle ne me dégoûtait pas. Je n’avais même pas l’impression de mentir, tout questionnement moral était dépassé.
Nous faisions l'amour sept minutes exactement tous les samedis soirs. Je n’ai jamais trouvé de montre près d’elle, mais je jurerais qu’elle en avait une. J’aurais parfois voulu la garder plus longtemps, mais elle me jetait un regard sévère, comme pour prévenir un abus. Je me pliais à sa sagesse sans discuter.
Je ne me souviens plus combien de temps s’est écoulé car le propre d’une routine est de décupler la vitesse des aiguilles de l’horloge. Elle a demandé l’air de rien s’il n’était pas temps d’officialiser les choses entre nous.
J’en ai parlé à Jimmy. Il avait l’air content. Il me voyait reprendre pied. Il ne savait pas tout de mes aventures, mais il avait conscience de l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je lui ai fait part de mes doutes : il est peu de mots qui font peur comme celui de mariage.
J’avais toujours considéré ce genre d’union comme un interdit. Était-ce légal d’enchaîner une femme à mon bras ? J’arrivais à peine à concevoir une aberration pareille. N’allais-je pas la priver de liberté ?
Ne t’en fais pas pour elle, elle a choisi. Pense plutôt à ta liberté à toi. Est-ce que tu t’imagines rester avec elle pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

J’ai regardé Jimmy un long moment. Il attendait. J’ai secoué la tête de toutes mes forces et j’ai fondu en larmes.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:10

66) Solène :

Ma rupture avec Joséphine avait été d’autant plus difficile que cela faisait longtemps que nous nous fréquentions. J’avais peur de quitter cette routine qui pourtant m’effrayait. Je dois beaucoup à Jimmy qui a tenu à me présenter une autre femme pour que je ne me perde pas.
Elle avait déjà un enfant, une petite fille. J'ai oublié le nom de la gamine, mais je me souviens bien de toutes les questions embarrassantes qu'elle posait. Elle voulait savoir qui j'étais, ce que je faisais avec sa mère et si je voulais l'adopter.
Lorsqu'elle nous surprenait dans ce genre d'interrogatoire, Solène riait et expliquait que rien n'était encore prévu. La petite clamait déjà à qui voulait l'entendre qu'elle était ma fille.
C'était gênant. Dans mon imaginaire, tous les parents étaient persuadés d'avoir enfanté de la tour Eiffel. Je ne voulais pas infliger autant d'affection à une si jeune créature, d’autant que je me sentais comme un monstre.
Ne dis pas te bêtises, tu es adorable avec elle. Tu pourrais jouer les parents sans problème.
Je ne pouvais pas lui raconter mes crimes antérieurs, elle était trop douce, trop attentive, trop bien pour moi.
Dans ce cas, tu ferais mieux de la laisser te purger de tous tes péchés par un baiser de princesse.
Répliquait-elle avec malice. Je protestais, elle me traînait devant l’enfant qui exultait à l’idée de remplir une mission aussi importante. Il était certain qu’à cet instant j’'avais embrassé la plus belle fille du monde.
Tu te sens digne de moi à présent ? Tu vas rester avec nous ?

Je l’ai embrassée elle aussi. Je lui ai fait comprendre que j'avais commencé une quête que je ne pouvais interrompre et je l’ai remerciée pour tout ce qu’elle avait fait pour moi. Il paraît que la petite m’avait fait un dessin avant que je ne m’en aille.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:11

J'aime beaucoup le côté dérisoire de ce voyage de la vraisemblance jusqu''à Perpet les Oies :')


67) Maëlys :

Solène avait contribué à me redonner confiance en moi. Grâce à elle, j’avais compris que j’avais besoin d’intensité. Je n’arrivais pas à me fixer, j’avais besoin de me laisser porter d’une femme à l’autre et d’approfondir toujours plus mes expériences amoureuses.
Il y avait dans ce choix de vie des raisons romantiques. Je n’avais pas encore réussi à abandonner la beauté, elle était essentielle à ma survie dans la grandeur de l’infini. Beauté et intensité, tels étaient les mots qui guideraient ma vie désormais. J’avais fait quelques erreurs, mais je ne les reproduirais plus, je savais désormais où aller.
Maëlys avait toujours quelque chose de beau et d’intense à me proposer. Quelque chose comme s'embraser en aspirant tout l'air des poumons de l'autre jusqu'à n'échanger plus que de l'anhydre carbonique, quelque chose comme vivre d’amour et d’eau fraîche et oublier l’eau fraîche, quelque chose comme essayer de mourir juste pour voir comment c’était.
La beauté pour elle ne provenait pas du sentiment qu’elle jugeait trop flou et trop instable, mais des actes que l’on commettait sous le prétexte de l’amour. Elle poussait tout ainsi à l’extrême à des fins spectaculaire.
Durant nos baisers, nous attendions ensemble le point de suffocation. Je crois sincèrement que nous aurions pu en mourir. Pourtant quelle fin magistrale ! Il me manquait une once de culot pour me l’offrir, mais je trouvais cela magnifique.
C’était de l’amour fou, presque artistique, une passion d’une beauté à couper le souffle qui effrayait notre entourage et nous plongeait dans l’extase. Personne ne pouvait comprendre, nul n’était suffisamment romantique.
Elle était obsédée par notre mort. En effet, il était évident que nous devions mourir ensemble, sans quoi le spectacle serait raté. Elle hésitait entre nous couler dans le béton ou sauter main dans la main du haut de Dame de Fer. L’important était la symbolique.

J’ai compris un peu trop tard qu’elle était sérieuse. Elle s’était déjà écrasée sur le Champ de Mars, me laissant en état de choc. Elle m'a fait comprendre que deux romantiques ne pouvaient pas s'aimer.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:13

68) Berthe :

Suite à cette expérience, mon romantisme exacerbé me poussait à rechercher l’intensité dans une forme de beauté moins dangereuse. C’est dans les yeux de Berthe que j’ai trouvé l’expression d’une sagesse à la fois intense, belle et rassurante.
Il s’agissait de la grand-mère de Maëlys, mais elle était bien plus modérée que sa petite-fille, sans quoi elle n’aurait jamais pu atteindre cet âge avancé dans lequel je la trouvais.
Elle était laide, bien-sûr. Mais sous certains angles elles apparaissait presque belle, sûrement parce que je pouvais me rendre compte de sa grandeur passée. Ses mains flétries contaient des histoires ravissantes pour qui savait les écouter. Je lisais ainsi à travers ses rides du bout de mes doigts l’existence de vieux amants, de vieilles maîtresses également, ainsi que de toutes sorte d’idées nouvelles d’une modernité impressionnante pour son époque.
Cette vieille sorcière devait avoir plus d’expérience dans les choses de l’amour qu’une mère maquerelle. Cependant elle tâchait de me préserver de ce genre de danger, à moins qu’elle ne se sente trop âgée pour se livrer à se genre de folie.
Cela me convenait parfaitement : si le récit de ces jeux sexuels était amusant à entendre, je ne me voyais pas m’y adonner et encore moins avec la grand-mère de ma dernière maîtresse en date.
Les femmes sont parfois maternelles lorsqu’elles aiment quelqu’un. Elles attachent beaucoup d’importance à la manière dont ils sont couverts, à leur hygiène et à leur régime alimentaire. Nos cinquante ans de différence ne l’aidaient pas à me considérer en adulte.
Elle me nourrissait comme si j’allais mourir de faim de toutes sortes de mets sucrés, beurrés, caramélisés. Elle me répétait d’un ton un peu sinistre qu’on ne vivait pas d’amour et d’eau fraîche. Je crois qu’elle m’en voulait un peu pour Maëlys, mais elle n’en n’a jamais parlé.

Nos excès alimentaires annonçaient l’orgie. Pourtant dans le lit de cette femme, j’ai connu un apaisement que je croyais ne plus jamais retrouver. C’est à travers son dos voûté,sa poitrine flasque et son odeur de formol que j’ai trouvé la paix pour un court instant. J'ai pensé alors qu'il n'y avait pas de plus belle femme que celle qui se trouve à nos côtés.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:13

69) Andréa :

Berthe a eu des problèmes de santé et nous n’avons pas pu poursuivre notre relation. Cela faisait un moment que je n’avais pas ressenti un tel manque. Pour compenser peut-être, je m’intéressait désormais à un genre de beauté différent, éloigné des standards classiques et de la finesse des femmes peintures. Une forme de beauté qui se trouvait dans mes yeux et non dans les conventions.
Les femmes qui me plaisaient n’étaient plus celles qui plaisaient au plus grand nombre. Je ne sais pas combien d’Autres se sont intéressés à Andréa. La plupart ont dû s’arrêter à sa bosse sans voir à quel point elle était sublime lorsqu’elle souriait. Je n’étais pas les Autres.
Elle l’avait compris et toute la force de notre relation venait de là. J’étais l’oreille attentive qui pouvait la comprendre. Nous étions deux âmes naufragées, non conformes, luttant contre les flots absurdes de l’existence. Nous avions supporté l’indifférence, le manque, le rejet. Nous étions ensemble en guerre contre le monde entier.
Jimmy est intervenu sans que je ne comprenne pourquoi. Il ne pouvait pas savoir ce que nous avions souffert, lui était un Autre, un vrai. Un mec bien comme il faut.
Je pense que tu te goures. Tu prétends chercher quelque chose de beau, tu ne te rends même plus compte à quel point c’est malsain. Est-ce que tu aimes cette fille ou est-ce que tu aimes sa bosse ? Ne tombe pas dans un piège aussi grossier que celui-ci. Tu n’aimes plus d’amour, tu aimes de folie.
J’ai nourri une certaine rancœur envers lui après cet épisode. Il n’avait pas idée de l’enfer de l’infini, il pouvait atteindre la plénitude en une seule passe. Personne ne l’avait jamais regardé avec suspicion, comme s’il se trompait de chemin. Il ne pouvait juste pas comprendre.
Elle, elle comprenait. Elle comprenait que les jugements étaient pires que la mort puisque par leur faute on ne pouvait même pas dire à quelqu’un qu’on l’aimait si ce n’était pas vrai, si ce n’était pas bien, si ce n’était pas prévu ou si c’était trop bossu.
Qui est-il, ton ami, pour prétendre savoir comment il faut aimer ?

Je caressais son dos bossu pour calmer sa colère. Si Jimmy croyait cette affection tordue, il avait tort. Ce n’était peut-être pas le noble sentiment de ma jeunesse, mais c’était un fantasme légitime comme il en fleurit dans tous les esprits.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:14

70) Raphaëlle :

Avec elle, j'ai franchi un interdit qui annonçait ce que j'allais devenir, de même que le début de ma déchéance. Si jusque là je pouvais parler de fantasmes mal assumés, d'erreurs de jugement et de pure inconscience, je devais à présent admettre que je ne contrôlais plus rien et que j'avais un sérieux problème.
L’intervention de Jimmy avait compliqué mes rapports avec Andréa et elle a préféré me quitter. Je n’ai pas trop souffert. J'avais depuis un certain temps abandonné l'idée que les sentiments apportaient quelque chose à une relation. Ils ne faisaient qu’enchaîner et blesser.
C'était donc dans un but entièrement sexuel que j'ai couché avec la fiancée de Jimmy. Il ne m’autorisait pas à admirer le type de beauté que je m’étais donné, j’allais lui montrer ce qui vraiment était laid. Je ne me souciais pas de savoir ce qu'elle pensait, elle avait un joli visage sombre et elle était avec moi, c'était tout. Elle m'aimait peut-être, si c'était le cas c'était bien fait pour elle et c'était une victoire sur toutes les femmes du monde.
Jimmy a tout découvert au bout de sept semaines. Cela n'avait rien d'étonnant puisque je me cachais à peine. Je me sentais invincible : la rage et la douleur agissait sur moi comme une protection.
Je m'attendais à ce qu'il soit en colère. Il l'était, certes, mais le sentiment qui le dominait était la tristesse. Il était triste pour moi :
Mais t'as quoi, t'as quoi dans la tête, putain ? Avant quand tu voyais une meuf, on avait l'impression qu'elle allait te bouffer... Et maintenant tu ressembles à ça...
Je comprenais parfaitement ce qu'il voulait dire, et il avait raison. Seulement, je ne voyais pas comment me débarrasser de cette faim qui me tenait le ventre. Je ne vaincrais pas l'infini, mais j'avais besoin de matière à le tromper et à me tromper moi-même. Seulement, Jimmy ne pouvait comprendre cela.
Tu l'aimes même pas. Tu l'aimes même pas, putain.
Puisque je dois être honnête, il y avait quelque chose de jouissif à dormir avec la femme d'un Autre. J'avais besoin d'essayer, de goûter à cette ivresse. Je n'avais pas réfléchi aux conséquences.
En vrai, t'as peur, t'as la trouille, t'as besoin de te prouver que tu te laisseras plus jamais dévorer par une fille.

Avait-il raison ? Je n'ai pas réussi à seulement me poser la question. Ses mots faisaient trop mal pour que je puisse prendre du recul. J’ai choisi de ne pas écouter. Après cela, je n'ai plus eu de pote Jimmy.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:15

71) Élodie :

Depuis ma première rencontre avec l’infini, j’avais exploré par intermittence l’excès et la routine pour me rendre compte qu’aucun ne me convenait. Si j’avais réussi à supporter la douleur, c’était uniquement grâce à une chose : la beauté.
J’avais compris très jeune que c’était en sublimant ma douleur que je pourrais y résister. J’avais cherché la beauté dans le sentiment, dans les actes, dans la diversité des fantasmes sans jamais trouver cela suffisant. Je ne savais plus quoi essayer, mais je devais poursuivre cette quête.
Lorsque j'ai parlé à Élodie de l'importance qu'il y avait à sublimer sa douleur, je crois qu'elle a mal compris. J'avais toujours aimé de manière un peu masochiste, moralement parlant, mais je n’aurais jamais imaginé que cela pourrait guider mon comportement physiquement.
Tout a commencé lorsqu’elle a repéré la brûlure sur mon omoplate. Sa bouche s’est étirée dans un sourire cruel :
Ah, tu aimes jouer avec le feu ?
Je n’ai pas tout de suite vu là où elle voulait en venir. J’ai acquiescé un peu au hasard. Deux minutes plus tard, mes poignets se trouvaient attachés à la tête du lit. Elle a frappé, embrassé, dévoré ; je ne sais plus.
Était-ce bon ? Au début, je me disais que c’était pour les besoins de la quête, qu’il fallait s’ouvrir à toute forme d’érotisme en espérant surmonter la souffrance. D’ailleurs n’était-il pas logique de soigner la douleur par la douleur ?
Mon corps devenait plus marqué à mesure que nous progressions. Peu à peu, ma peau se décorait d’ecchymoses, de marques de brûlures et de coups de couteau entre les traces de rouge à lèvres. Je pouvais encore croire qu’il y avait de la beauté là-dedans.

Les choses ont dégénéré lorsqu’elle a voulu essayer les électrochocs. C’était une souffrance à l’intensité presque supérieure à celle de l’infini. Insoutenable. Après avoir vécu cela on ne pouvait plus croire aux bienfaits de la torture physique. Ni à la beauté.
 
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72) Roxanne :

Lorsque je l’ai rencontrée, il me semble que je ne croyais plus en rien. J’avais perdu tour à tour le plaisir, le sentiment, la beauté et tous les ersatz par lesquels je comptais les remplacer. Je n’étais pas loin de perdre l’espoir.
Elle n’avait que faire de mes tourments. Je ne sais même pas si elle se souciait de mon existence. Je cherchais maladroitement à l’aimer d’un sentiment pur, mais je ne me souvenais plus comment cela fonctionnait : mon cœur avait été perverti.
C’était le retour, cette fois pour de bon, de la laideur. Puisqu’il ne servait à rien d’aimer une femme dans la chasteté, alors il fallait que je l’aime de la manière la plus dégoûtante possible, qu’elle me dégoûte et que je me dégoûte moi-même de l’aimer ainsi.
Alors j'ai bu, oui, j'ai bu parce que je n’avais jamais vu les Autres plus laids que lorsqu’ils venaient de boire. Le visage halluciné, les cheveux en pétard, j'avais l'air d'une pauvre chose sur le trottoir.
C’était la première fois que j’étais ivre. Je vomissais tour à tour des insanités et le contenu de mon estomac. J’expliquais à ceux qui m’entouraient que Jimmy me manquait, que j’aurais dû l’écouter, qu’il avait raison, qu’en cherchant la beauté je n’avais fait que me préparer à toucher le fond. Ils m’écoutaient avec des regards épuisés, se demandant combien de temps durerait cette comédie.
Ces petits exercices sont vite devenus quotidiens. Il était toujours plus agréable de dépendre d’une bouteille que d’une femme. J’appréciais l’état d’inconscience provisoire dans lequel me plongeait l’alcool. Je ne sais plus combien de fois j’ai frôlé le coma éthylique.

La belle Roxanne me toisait de toute sa pitié avec une grimace de dégoût tandis que je lui demandais sans pudeur ni dignité de me faire l’amour. Elle me méprisait et c’était exactement ce dont j’avais besoin.
 
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73) Sophie :

Je buvais trop pour faire de bonnes rencontres. Sophie m’aimait dans mes malheurs. C’est parce que je touchais le fond qu’elle s’intéressait à moi. Il me fallait une femme à laquelle m’accrocher. Pour cette raison, je l’aimais de toute la force d’un amour perverti.
Elle savait en profiter. Sous le prétexte de me présenter à des amis, elle m’entraînait dans la spirale délétère du jeu. La roulette française n’est pas mortelle comme sa cousine russe. Elle est bien pire, elle est lente et consume petit à petit sans jamais achever tout à fait. Cette roulette, c'était l'infini.
Tu as fait tes jeux ?
Elle s’était assise lascivement sur mes genoux et me tendait tour à tour un verre de vodka ou ses lèvres lorsque je lui paraissais trop lucide dans mes paris. Ma conscience disparaissait sous sa jupe trop courte, j’étais son jouet.
Elle me conseillait un placement, je la suivais, je perdais. Ses amis ramassaient la mise en me raillant. Je n’en avais cure. Je n’avais jamais cru à l’argent.
Au début il me laissaient gagner un tour sur dix environ pour que je ne perde pas l’espoir de récupérer ma mise et que je continue à jouer. Puis ils ont compris que c’était inutile puisque je savais que le jeu était truqué mais que je m’en moquais.
Joue les orphelins.
A-t-elle ordonné en me caressant doucement l’entrejambe. J’ai joué comme elle voulait. J’ai suivi des yeux la course de la bille tout en connaissant déjà sa destination. Évidemment, j’avais encore perdu. J’ai porté le verre à mes lèvres pour ne pas y penser.
Tu n’as plus rien à perdre, tu ferais mieux de tout miser.
J’ai jeté mes derniers jetons sur le tapis sans même les regarder. Elle a aussitôt cessé ses caresses. Le jeu était terminé, je n’avais plus rien à lui donner et elle n’avait plus de raison de rester avec moi.
Rien ne va plus.

A soupiré le croupier pour la énième fois. Il n’imaginait pas à quel point il avait raison.
 
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74) Maéva :

Après l’alcool et le jeu, l’étape suivante ne pouvait être que la mort. Je n’avais plus d’argent, plus d’amis, plus d’idéaux. Je ne savais qu’errer et me maintenir dans une existence sur laquelle je n’avais plus aucune prise.
J’ai rencontré Maéva dans un endroit dont je préfère ne pas me souvenir. Elle était complètement défoncée et ne tenait plus sur ses jambes. Je n’étais pas beaucoup mieux, mais j’avais assez d’énergie pour la raccompagner dans un squat qu’elle occupait depuis trois mois. Ignorant un matelas à la propreté douteuse, elle s’est allongée à même le sol de béton, au milieu de vieilles seringues et de capotes usagées.
Je l’ai regardée et j’ai su qu’elle allait mourir. Je l’ai lu dans ses yeux : elle ne passerait pas la nuit. Pour cette raison précise, j’ai conçu une attirance presque criminelle pour cette femme. L’Ange entre mes jambes en frissonnait de plaisir : moi-même, je n'en pouvais plus de mourir sans que jamais l'on ne m'achève.
Je l’ai regardée encore. Elle avait les cheveux gras, les dents jaunes et elle avait du mal à se retenir de baver. Si quelqu’un savait qu’elle se trouvait ici, il avait compris que ce n’était même plus la peine de s’en occuper. C’est comme si elle était déjà morte.
Viens.
A-t-elle murmuré avec ses derniers restes de lucidité. Je n’attendais que ce signal pour me jeter sur elle. Cette femme puante était la baise de ma vie. Peu importait combien d’Autres lui étaient passés dessus - et il étaient nombreux - je serais la dernière personne avec qui elle coucherait.

Je ne crois pas qu’elle en ai beaucoup profité. Elle s’est endormie quelques minutes après. J’ai préféré ne pas rester, je savais qu’elle ne se réveillerait pas. Quelque part, j’enviais son sommeil : elle au moins n’avait plus à s’inquiéter de l’infini.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:18

75) Margaux :

J’ai trouvé Margaux dans un cimetière à la tombée de la nuit. Je crois qu’il convient de préciser qu’elle était bien vivante. J’avais atteint un degré de perversion qui échappait à mon contrôle, certes, mais j’avais trop de fierté pour coucher avec une femme morte.
Les mortes puent. Elles ne réagissent pas. Leurs corps sont durs et froid. Or, je voulais les sentir chaudes sous moi, prêtes à tomber, et les entraîner dans ma chute, dans un gouffre sans fin, qu’elles souffrent autant que je souffrais, que je voie dans leurs yeux l’effroi, celui de ne jamais être comblée, de ne jamais mourir, que j’aie au moins l’impression de me venger.
Je n’étais pas dans le cimetière pour coucher avec une morte. Je n’avais même pas prévu de rencontrer une femme dans ces lieux. Si me trouvais là à cet instant, c’est parce que c’est le genre de lieux que fréquentent les personnages glauques. Or, glauque, je l’étais.
Elle aussi était glauque. Dans le cas contraire, nous n’aurions pas pu nous rencontrer. Nous n’avions rien à perdre, alors nous avons baisé sur la première tombe venue.
C'était peut-être celle de Maéva et à vrai dire, je m'en moquais. Je n'avais plus de respect ni pour les morts ni pour les vivants. Les uns vous toisaient de toute leur liberté tandis que les autres vous réduisaient en esclavage.
Nos chairs brûlantes, entrelacées narguaient les morts. Nous étions deux âmes déchaînées, insubordonnées, damnées. Nous espérions que l’enfer existait, car il ne pouvait être pire que tout ce que nous avions vécu.
Sa langue agile, ses tétons durcis, son sexe moite, elle mettait tout son cœur de putain dans cette baise, et rien, impossible de nous achever, tout était encore à consommer. Tout n’était que vanité, nous ne tirions de cette passe pas plus de plaisir que pour les six cent soixante-six précédentes.

Alors pourquoi, quel était mon but ? Je voulais peut-être leur montrer à tous se qu’ils perdaient. Ou alors, j’avais seulement envie de penser que bientôt on me jetterait moi aussi dans l’une de ces tombes et que je ne souffrirais plus. C’était ce jour-là seulement que je vaincrais l’infini.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:18

76) Estelle :

Ce qu’il y a de plus dangereux qu’un personnage glauque, c’est un personnage glauque qui s’intéresse à une femme respectable. Je prenais le métro quand je l’ai remarquée. Elle me souriait. C’était comme recevoir un coup de fouet. Les femmes de Paris ne sourient pas, elle ne savent plus faire ça.
Si elle souriait, c’est qu’elle aimait la vie, qu’elle croyait encore à la beauté du monde et des gens. Il était de mon devoir de la détromper. Elle est descendue à Denfert-Rochereau et je l’ai suivie. Me sourire était une invitation que je ne pouvais pas refuser.
J'ai marché derrière elle sans qu’elle ne me remarque. C'était facile, il faisait noir et elle ne s’est pas retournée. Si elle l’avait fait, je ne sais pas comment j’aurais réagi. Elle avait relevé ses cheveux sombres avec un chignon respectable. J’avais les yeux rivés sur sa nuque fragile.
Elle a emprunté quelques rues, puis elle s'est arrêtée devant la porte d’un appartement, a trouvé une clé dans sa poche, l'a introduite dans la serrure. La porte s’est refermée. Il ne restait plus que moi et ma frustration. J’ai regardé le nom en face de la sonnette sur laquelle je l’avais vue appuyer. Elle s’appelait Estelle.
J’ai passé la soirée devant l’appartement. Je l’attendais. La porte s’est ouverte, elle a jeté un sac poubelle dans le conteneur prévu à cet effet quelques pas plus loin et elle est rentrée chez elle.
J’ai ouvert le conteneur, en ai sorti le sac poubelle et l’ai ouvert pour regarder son contenu. Des déchets alimentaires, de vieux post-it froissés, des cheveux, des mouchoirs. Tout ce qu’il y avait de plus normal. J’ai souri en trouvant un préservatif. Ainsi, elle aimait ce genre de choses. J'avais conscience que cela signifiait qu'elle ne voudrait pas de moi.
Je l'ai ressenti comme une trahison. C'était de sa faute, elle avait souri. Si elle ne m'attendait pas, elle n'avait pas à me sourire. J’ai tout de même placé ma trouvaille dans la poche de ma veste avant de retourner d’où je venais, c’est-à-dire de nulle-part.

J’ai hésité longtemps à revenir à cet appartement. Je n’ai pas osé, parce que je sentais bien que je n’étais pas assez bien pour ce genre de femme respectable. J’ai quand même gardé le préservatif un bon moment pour me souvenir d’elle.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:19

77) Sylvia :

Sylvia ne voulait pas de moi, mais je n'ai pas su, je n'ai pas su la laisser. Elle sentait trop bon, l’odeur de la peur, je crois. Elle m’obsédait au point que j’arrivais presque à me convaincre que ce que je ressentais était de l’amour.
Je l’ai suivie comme je l’avais fait avec Estelle. C’était plus difficile, parce qu’elle était souvent accompagnée, mais à force de persévérance j’ai pu la rencontrer tandis qu’elle était seule.
Elle a fini par remarquer ma présence. Elle s’est retournée :
Écoutez, je ne sais pas ce que vous me voulez, mais vous me faites peur. Je voudrais que vous partiez maintenant.
Elle avait un cul magnifique. Je pense que c’est à cause de lui que je n’ai pas réussi à m’en aller. J’avais envie de lui faire l’amour, là, tout de suite.
Non, vous n’allez pas me faire l’amour. Vous êtes dingue.
Je n’étais pas dingue. Elle n’avait pas à avoir peur, je voulais lui faire l’amour, pas la baiser, je saurais la respecter, j’en étais encore capable. J’éprouvais pour la première fois depuis bien longtemps quelque chose qui me rappelait un sentiment. Elle ne pouvait pas s’enfuir, pas me repousser. J’avais trop besoin d’elle pour que ce ne soit pas réciproque.
Je ne veux pas de vous, je l’ai déjà dit. J’ai déjà quelqu’un que j’aime. C’est bon comme ça, vous allez me lâcher ?
Non, ce n’était pas suffisant. J’avais envie d’elle, j’avais déjà trahi Jimmy, ce n’était pas un Autre qui allait m’empêcher d’avoir la femme que j’aimais. Je lui ferais l’amour, qu’elle le veuille ou non.
Ma petite-amie est flic, si vous ne me laissez pas tranquille je vais l’appeler et vous aurez de graves ennuis.

Était-ce la peur de la police ? Était-ce la surprise d’apprendre qu’elle aimait une femme ? J’ai pris la fuite immédiatement après ces paroles.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:20

78) Agnès :

Une jalousie foudroyante a serré mon cœur que je croyais depuis un certain temps incapable de sentiment. S'il m'était déjà difficile d'imaginer la femme que j'aimais avec un Autre, je ne pouvais supporter de l'imaginer avec un individu de sexe féminin.
J’ai haï Sylvia pour cela. Je ne pensais plus qu’à me venger. Pour cela je savais déjà où frapper : je devais viser Agnès.
Il m’a fallu du temps. D’abord, pour connaître son identité et son adresse sans me faire repérer par Sylvia. Ensuite, pour me donner une apparence présentable. Enfin, pour me lancer dans le jeu de séduction nécessaire à mon stratagème.
C’était un plan monté avec l’énergie du désespoir qui n’avait aucune chance d’aboutir et j’en avais conscience au fond de moi. Seulement, la rage m’aveuglait et je voulais mettre tout en œuvre pour parvenir à mes fins. Même si je n’allais pas jusqu’au bout, j’aurais essayé.
Parce que j’avais essayé, j’ai réussi. Je ne sais pas comment, j’ai réussi à me faire inviter dans son lit. C’était peut-être la haine qui me donnait des ailes et me faisait mettre ne place toutes les ruses de toutes les femmes que j’avais aimées.
Je n’arrivais pas à croire qu’un piège aussi absurde ait pu être mis en place. Ce devait être une femme peu vertueuse à l'origine, sinon elle n’aurait pas si facilement cédé à la tentation. Comment avait-elle pu renoncer à une femme qu’elle prétendait aimer pour quelqu’un comme moi ?
J’ai pensé avec le recul que ce qui l’avait fait craquer, c’était le vice. Je le portais autour de moi, sur moi, en moi. Je l’incarnais. Elle avait été séduite par l’impression que je pourrais lui fournir assez d’exotisme pour vaincre l’infini. Si ce n’était pas le cas, je pouvais toujours tromper ses désirs plus efficacement que ne faisait Sylvia.
Je l’avais séduite. La surprise était telle que je ne savais plus que faire. Entre imaginer ma vengeance et la voir se réaliser contre toute attente se trouvait un écart immense. C'était perturbant. J’ai décidé de m’en tenir au plan.
J’ai entretenu cette relation jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus de mentir. Puis je l’ai poussée à tout abandonner pour moi. Je voulais être la seule personne à recevoir son affection.

Elle l’a fait. Je me dis parfois pour me soulager qu’en cela elle était aussi coupable que moi. Je n’en revenais toujours pas. Mon plan a si bien fonctionné que Sylvia a mis fin à ses jours.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:21

79) Judith :

A ce stade de ma vie, j’ai réalisé que je ne pourrais plus séduire aucune femme. J’avais du sang sur les mains et quiconque prendrait la peine de les saisir s’en rendrait compte. Ce n’était pas très important puisque personne ne voudrait plus jamais prendre ma main.
J’étais, plus que jamais, un monstre de frustration. Je ne pouvais même plus souffrir de l’infini, c’était trop de grandeur pour moi qui étais si misérable. Pourtant, je continuais à croiser des femmes, à les observer, à les apprécier, à les désirer. Est-ce que cela s’arrêtait jamais ?
Judith a commis l’erreur de se trouver seule avec moi dans un lieu peu fréquenté. Comment cette occasion s’est présentée, je n’en ai aucune idée. Je savais juste que peu de femmes se trouveraient aussi accessibles par la suite et que j’allais mourir si je ne baisais pas.
Elle me repoussait, parce que désormais elles me repousseraient toutes. Elle menaçait comme Sylvia d’appeler la police. Cette fois je n’ai pas pris la fuite. J’ai saisi son téléphone portable et je l’ai fracassé contre le sol.
Elle tremblait. Je l’ai saisie par les poignets et je l’ai attirée dans un coin sombre. Elle a crié. Je voulais qu’elle arrête, j’ai placé ma main devant sa bouche. Elle l’a mordue, je l’ai giflée.
Elle portait sa main à sa joue sans réaliser. Moi non plus je ne réalisais pas. Je n’avais jamais agressé personne physiquement. Elle a voulu riposter, je l’ai frappée plus fort. Elle est tombée. Elle avait l’air sonnée, elle a mis du temps à se relever.
Je l’ai envoyée à terre à nouveau. Elle essayait encore de crier mais je l’ai bâillonnée en planquant ma bouche sur la sienne. Elle continuait à se défendre faiblement, mais cela ne servait plus à rien, elle savait qu’elle avait perdu.
Son T-shirt était déchiré. J’ai pensé qu’elle devait avoir froid. Je n’avais plus envie de la baiser, j’avais envie de l’aimer vraiment pour me prouver que j’en étais encore capable. Je l'ai serrée contre moi comme si elle était une petite souris. J’avais l’impression que j’allais m’évaporer si je la lâchais.
J’ai déliré à propos de Maman, je ne sais pas trop pourquoi j’ai pensé à elle à cet instant. Elle protestait encore, je la serais plus fort contre ma poitrine. C’était bon d’avoir une femme contre soi. J’étais presque sur le point de lui dire que je l’aimais d’amour parce que j’avais envie d’y croire. C’était encore possible après tout. Je ne l’avais pas baisée, je pouvais repartir, essayer de me reconstruire pour reprendre une vie normale. Accepter l’infini.
J’allais la laisser partir quand j’ai remarqué qu’elle ne bougeait plus. Je l’avais serrée trop fort, j’aurais dû me douter que je finirais par tuer une femme avec mon amour démesuré. Était-elle libre ? J’avais finalement réussi à achever une femme. Pourtant, je me sentais victime de la plus sombre des mélancolie.
Je n’ai pas pu me résoudre à quitter le cadavre. Il est vrai que les morts ne sont pas difficiles à vivre. Je l’ai tenue dans mes bras toute la nuit sans oser bouger, toujours victime de cette constante frustration.


Dernière édition par Meredith Epiolari le Sam 5 Déc - 22:26, édité 1 fois
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:22

80) Mathilde :

Lorsque l'on est prêt à tuer par amour et que cela ne suffit plus, que reste-t-il ? Je lui aurais bien demandé de m'achever, mais puisqu'elle ne m'aimait pas, elle ne devait pas m'aimer suffisamment pour m'accorder la mort.
Du reste, aucune femme ne pouvait m’achever et c’était bien là la cause de tous mes malheurs. Je lui ai dit que je me tuerais pour elle. Elle a répondu :
Vas-y, meurs, tu n'oseras pas.
Elle ne croyait pas que je puisse obéir à cette injonction létale. Moi non plus. C’était un coup de bluff. Je n’avais jamais pensé sérieusement à me donner la mort. C’était une idée qui me traversait de temps à autre quand je repensais à mon calvaire, mais entre l’idée et l’acte se tenait un monde.
Tu vois, tu n’as pas les couilles pour ça. Pourtant, crois-moi, ça me ferait bien plaisir de te voir crever. Tu es un monstre et le monde sera plus beau quand il sera débarrassé de toi.
Je ne savais même pas comment m’y prendre. Je ne me voyais pas mourir autrement que par la main d’une femme pour que tout soit consommé. Que ce soit l’amour et l’amour seul qui signe ma perte. Et si la mort était une blague, si elle ne me délivrait pas ? Si je devais me laisser pour toujours dévorer par la frustration ?
Quand on aime quelqu’un on ne le poursuit pas. Quand on aime quelqu’un on ne le menace pas. Quand on aime quelqu’un, on fait une croix sur lui. Sauf que toi tu n’as rien compris, parce que tu n’es capable d’aimer personne et que plus personne ne voudra jamais t’aimer.
Je devais courir le risque. J’ai donc sonné à la porte d'une autre femme, la dernière que j’avais envie de rencontrer, celle qui me haïssait plus qu’aucune autre parce qu’elle ne pouvait s’empêcher de m’aimer un peu au fond. Même avec du sang sur les mains.

Je lui ai demandé de m’aider à quitter le monde. Contrairement à Mathilde, elle a accepté. Je n’ai rien eu à expliquer, je n’en avais pas besoin. Maman avait toujours dit qu’elle aurait dû m’étrangler dès le berceau.
 
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MessageSujet: Re: Los Caprichos [S]   Los Caprichos [S] - Page 5 EmptySam 5 Déc - 22:25

Après propos :

Voilààààà ! Los Caprichos [S] - Page 5 3881072848
J'ai battu le record de cinquantouble post là Los Caprichos [S] - Page 5 3881072848
J'espère que ça vous a plu, je ne suis plus du tout dans le truc mais votre avis m'intéresse quand même, surtout à propos de cette fin très controversée par les avis extérieurs Smile
Perso, je trouve ça merveilleux de mettre son propre prénom dans son roman Cool
Il y a pleeeein de références, mais je ne me suis pas amusée à les répertorier.
Que dire de plus ? Commentez ! Los Caprichos [S] - Page 5 3881072848
 
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