Sadate un peu mais Arafat on m'a indirectement forcée x)Et derrière la muraille...
Il y a une fille. Une petite fille. On sait pas trop quel âge elle a exactement, mais elle assez jeune pour avoir peur des monstres qui se cachent sous son lit. Elle a ses démons, des mots qu'elle n'arrive pas à prononcer, des mots qui la font se tendre comme un arc quand elle les entend, des mots qui la font serrer les dents, les poings... le cœur parfois.
Quand ces mots tournent autour d'elle, elle détourne la tête, elle la cache dans le lave-vaisselle, derrière un livre ou sous son oreiller. C'est pourtant pas un crime... Y a pas de raison d'avoir peur, ils existent pas ces monstres. Que dans sa tête.
La petite fille a un grain, c'est sûr. Elle est pas encore sûre de savoir si c'est un petit grain de folie tout mignon ou une démence incontrôlable. C'est un gros problème chez les romantiques, ou l'on aime à la folie ou l'on aime jamais et le manque nous rend fou.
Quand la petite fille aime, elle se prend pour une femme. Elle se met à rêver à des choses pas trop de son âge, des choses que personne ne devrait être en âge de rêver. Elle parle trop fort, se jette dans des délires désespérés qu'elle souhaite drôles et s'efforce de penser à tout sauf aux mots qui sont cachés sous son lit.
La petite fille séduit parfois : on la trouve touchante, drôle, mignonne... Mais elle séduit comme une petite fille : elle est celle dont on veut être au mieux l'ami attendri, au pire le simple spectateur. Jamais l'amant. Les monstres n'existent pas dans le monde des petites filles, or qui plus que l'amant fait figure de monstre ? Non, il vaut mieux la laisser en paix cette pauvre chérie.
La pauvre chérie souffre. A quoi ça sert d'avoir des monstres sous son lit si on ne peut même pas leur faire l'amour ? Elle rage à l'intérieur, elle ajoute du plâtre pour reboucher ses cicatrices jusqu'à ce qu'un mur immense se dresse. Personne ne doit savoir.
Mais la petite fille ne pleure pas, ce serait trop bête. Et puis il ne faut pas qu'ils sachent, ce sont les petites filles qui pleurent, et elle en est peut-être une, mais ce n'est pas pour ça que ça doit se savoir. Au fond, elle espère encore tromper son monde en leur faisant croire qu'elle est une jeune femme inébranlable.
Ça ne tient pas. Les peines de cœur, la mort, la colère, elle peut tout supporter. Mais les petites choses, non. Quand elle regarde les gens... Pas les monstres, les gens. Quand elle regarde les gens, elle verse des larmes tellement elle les trouve beaux.
Il lui suffit d'un prénom, d'un visage, d'une main sur une épaule pour comprendre que la vie est belle, que tout ne se passe pas sous son lit et qu'il ne sert à rien de faire croire au monde que l'on est une femme lorsque l'on est qu'une petite fille bien trop sensible.
Alors les larmes coulent. Discrètement, silencieusement, mais sincèrement. Larmes de joie ou de tristesse, elle ne saurait dire. Ce sont juste des larmes de beauté. C'est si beau la vie, elle aimerait passer son temps à pleurer rien que pour cette raison.
Allons, pourquoi pleurer, tu ne pleures jamais... Les gens te croient sans cœur, ils croient que tes yeux sont toujours secs. Et pourtant tu pleures devant ces enfants qui n'ont rien fait d'autre que poser une question idiote.
Mais c'est si beau les enfants... Elle passe son temps à dire qu'elle ne les aime pas, qu'elle n'en veut pas, qu'ils ne servent à rien ; et au fond elle le croit sincèrement. Est-ce le cas ? Mais à quoi pleure-t-elle si ce ne sont pas là des larmes d'amour ?
Elle pleure à ce qui n'a pas été. Ce n'est pas parce qu'on est toujours une petite fille que l'on a eu une enfance. Elle pleure à ce qui ne sera pas. Ce n'est pas parce que la vie est belle que les monstres sous le lit disparaîtront.
Mais pourquoi ? Personne ne le saura. Parce que tout est bien à l'abri derrière la muraille.
- OUI, je SAIS !:
Il y a trop de "Mais" dans ce texte ! Z'avez vu comment j'ai trop de recul ? 8D