Une grande bourrasque m'a fait chavirer. Je crois bien que mon cœur s'est éteint. IL m'a menti. J'ai l'impression que mes battements se résument aux syllabes de son nom. IL n'a rien dit ! Pourquoi ? J'aurais pu l'aider, l'encourager, le soutenir, lui trouver quelque chose ! Quand j'ai poussé la porte, j'ai retenu un cri d'effroi. Les murs délabrés, le parquet défoncé, les photos cassées. Plus rien n'est là ou à sa place. Je vais l'écrire, cette lettre, même si ma main ne tiendra pas le stylo assez longtemps pour hurler mes pleurs.
Michael ! Tu as habité un squat si longtemps, sans rien me dire ! Quand tu criais que ta maison était la plus belle de toute la ville ! Que tu était plein aux as et que tu m’emmènerais partout dans le monde ? Michael, je voudrais te dire que tu crains. Mais vraiment. Je n'aurais rien dit, j'aurais été muette. Tu me connais, bon sang ! Je comprends maintenant. Quand je te demandais si je pouvais venir chez toi, que tu refusais, que j'insistais. Tu ne voulais pas me faire souffrir ? C'est raté. Je souffre de t'avoir perdu, que tu m'aies menti. Je pourrais crier ma haine envers toi partout ! Mais à la place, je reste comme une cloche, dans le parc, dans la nuit, dans le froid. J'ai une vague impression que tu n'as jamais existé. Que tout ça n'était qu'un beau rêve qui maintenant s'est éteint. À quoi va me servir la vie si tu m'as bernée toutes ces années ? Tu oublies ça Michael ! Tu oublies ces cinq dernières années ! Si merveilleuses...presque trop. J'aurais dû m'en douter, me préparer. Mais je n'ai rien su. Le pire là-dedans, c'est que tu m'aies MENTI. C'est comme ça que je vais finir. Dans un squat comme toi, parce que j'ai trop pleuré ta disparition. J'espère que tu culpabiliseras en lisant ceci. Ce seront peut-être mes dernières paroles sensées.
Ne m'oublie pas et n'oublie personne ! Car l'oubli est comme la mort.
Je t'aimerai toujours.
Violette.