Je trouve une tonne de défauts à ce texte alors que je suis dessus depuis hyper longtemps et que j'ai réécrit presque chaque ligne dix fois ^^ J'ai voulu mélanger trop de choses je crois...
Mais j'en avais marre de le garder dans mon ordi, alors on dira que c'est un premier jet
Love, ça parle de liberté La musique parfois me prend comme une mort. Caresse d'un jazzman au parfum d'opium et de havane, elle danse parmi mes chaînes et me recouvre de son suaire. Alors du fond des abysses, du creux du ravin, au bas du précipice et même depuis les profondeurs de ton corps, je laisse brailler à en perdre la voix l'enfant que je suis encore.
Chant guttural aux accents rauques et éraillés. Râle d'un crépuscule déclinant sur l'horizon. J'ai traversé des vallées de larmes et des vagues de peur. J'ai fait de mon silence une arme et de ma vie un leurre. J'ai la peau noire et le cœur bleu, j'ai le visage de l'esclave qu'enfants ils violaient dans leurs jeux.
Fils de Cham et d'une Erinnye, ma révolte suppure en traits rouges sur mon épiderme. Je suis un monstre de haine, j'ai son goût dans la bouche, son poison dans mes veines. Je suis la rage muette de ceux que l'on a fait taire par le fouet : un par un je les tuerai. Et j'irai cracher sur leurs tombes.
Tais-toi, tais-toi ! Ils vont te pendre ! Alors quoi ? Qu'ils me pendent ! Je veux crier, le silence m'étouffe !
Mais on ne sait pas ce qu'on dit quand on est jeune. J'ai eu trop peur de mourir. Je me suis tu.
Dans le sable des sentiers, sur mon corps décharné, de mon doigt sur la buée, parmi les cendres de la cheminée, sur le tronc des arbres à macchabées, à défaut de crier, j'ai écrit tel un forcené les sept lettres du mot « liberté ».
Et dans cette folie ineffable, spectre blafard et livide, tu es apparue au sommet la colline. Dans ta robe de mousseline, nénuphar dans les cheveux, tu souriais.
Face à cette sublime créature, blanche comme le cierge de mes funérailles futures j'ai compris que le silence ne me sauverait pas : ta beauté clair de lune et ton teint d'albâtre te rendaient aussi inaccessible qu'une statue de marbre.
J'ai longtemps rêvé notre passion insensée. Des milliers de séraphins blâmaient nos baisers éphémères et les soutanes scandaient « Blasphème ! » tandis que de mon hymen natal sourdait l'anathème. Dans mon sommeil, je hurlais comme un chien mes peines à l'astre blême.
Dans la nuit noire.
A mon réveil, je ne pouvais plus crier. Se taire toujours, sous les quolibets, les crachats, les harangues, les menaces, les roses chimériques et leurs épines corrosives, ne jamais crier, toujours se taire. Je n'ai rien à te dire. Tu ne voudras pas m'entendre. Ai-je seulement une voix ?
Pas devant toi.
Oui, je suis resté sans voix quand tu es revenue. Ange majestueux au panache de colombe, toujours aussi blanc, toujours aussi beau. Tu as entendu mon appel onirique, et là, en haut de la colline, tu as entrouvert ton corsage.
Seins pâles. Baisser les yeux. La bouteille de gin. Chaud dans la gorge. Ta main qui me prend le menton. Brume dans l'esprit. Aiguilles de verre. Tes yeux dans les miens. Chaud et brume.
Chambre...
L'interdit de ton corps, blanc, si blanc... Recouvre-toi, c'est mal, recouvre-toi, remets tes voiles, non, lève les voiles, ils vont me pendre, me pendre, tu comprends...
« Toi qui n'es pas un homme, que t'importe ma tenue ? Tu me lécheras à la manière d'un animal familier. Tu dormiras à mes pieds, jamais à mon côté. Toi qui n'es pas un homme, admire ma gorge nue ! Toi, moins que rien, moins qu'un chien, tu ne seras pas mon amant mais ma putain. Viens et satisfais ce caprice polychrome ! Embrasse de tes lèvres traîtresses ta maîtresse au corps d'ivoire ! Tu trembles, misérable rat, viens sur mon flanc et accomplis ton devoir. Viens et satisfais ce caprice polychrome, que coulent ensemble sur ces draps, et ton foutre blanc, et mon sang noir ! »
Mes mains fiévreuses qui déchirent la dentelle. Je veux tout connaître, tout savoir. Le lait de ta peau crémeuse, veloutée comme les lys et douce comme l'hermine. Sur mon épaule, la caresse ouatée de tes dents émail. Les perles nacrées de ton échine. Le sel de ta sueur. L'écume de ta chair. Le sucre de tes baisers saveur nuage.
Orgie de fraîcheur. Tes soupirs pour couronner cette symphonie en blanc majeur. J'ai relevé ta jupe et découvert un réduit brûlant comme la neige d'hiver.
Et la nuit devint blanche.
Puis, l'aurore chassant les ombres de la démence, la raison revint, ainsi que son lot de souffrance.
Pas de sang noir sur les draps blancs.
Tu repousses brutalement ta tendre bête encore ithyphallique, qui gémit, figée sous le coup du vertige que lui procurent tes lèvres rouges.
Quel sortilège m'as-tu jeté, cruelle sphinge, pour que l'espace d'un songe, je sois prêt à croire en tes mensonges ?
« Me pensais-tu gouge pour entamer avec ta race fangeuse l'une de ces liaisons dangereuses ? Fils d'une humanité déchue, dont l'existence est une énigme de décadence et la survie un crime ; pour tes mœurs pécheresses l'échafaud sera ton expiation. Puissent les ronces déchirer ton cadavre, rance vermine.»
Je te vois sourire encore devant ces arbres aux fruits étranges qui fleurissent même en automne. Une colline pour catafalque, une branche pour gibet, une fois de plus le chanvre répond par sa morsure à nos vies incertaines.
Et voilà nos cadavres abandonnés au deuil des corbeaux et à la fureur des cygnes.
Dis-moi...
Mon crâne est-il assez blanc pour tes beaux yeux ?
N'entends-tu pas ? N'entends-tu pas ce cri qui tort et déchire tes entrailles ? Je suis là, depuis toujours, depuis que j'ai pénétré ce sanctuaire blanc. J'habite ton corps et, pissenlit entre les dents, mort de m'être trop tu...
Je crie encore.