Après avoir écrit ce texte à la va-vite (avant que les mots ne s'envolent trop loin, pour être plus précis) j'ai voulu le retoucher un peu et... ce n'est pas allé très loin x) Faut dire que ma fréquence d'écriture, déjà très faible avant la prépa, est devenue presque nulle depuis 14 mois :') Je me suis dit que peut-être qu'en le postant des gens-gentils auraient des conseils. Par ailleurs, j'espère que ce petit texte pourra vous servir de tremplin vers d'autres questions et d'autres manières de voir (et que vous n'hésiterez pas à les partager, éventuellement en expliquant pourquoi ma réponse est un peu nulle si c'est le cas). Bonne lecture !
Voyager. Partir, oublier, redécouvrir, marcher dans la poussière, choisir la fatigue et l’émerveillement.
Pourquoi ? Comment ? Pour voir de nouvelles choses. Pour se dire que le monde est multiple, est infini, que la vie est une suite de spirales qui s’entremêlent, qu’on est libre, qu’on peut faire autre chose, qu’on a le droit aux actes absurdes et irréfléchis, qu’on a le droit de se tromper, qu’on a le droit de prendre des risques. Qu’on a le droit de mourir, après tout. Si on s’accorde ce droit ultime, ce droit de cesser d’être, alors on s’accorde tous les droits. On peut vivre sans se retenir, sans garde-fous. Mourir pour avoir voulu vivre plutôt que vivre pour ne pas mourir ? C’est le droit qui ouvre toutes les routes, toutes les voies ; avenues et chemins de traverses au même titre. On veut vivre, mais on veut vivre comme on l’entend : si on n’a qu’une chance alors prenons-là à bras-le-corps.
Je crois que ce n’est pas mourir qui me fait peur. C’est ne pas vivre. La mort n’attend pas les dangers. Elle vous cueille en plein vol, à un carrefour ou dans un berceau. Et eux, ont-ils jamais vécu ?
Alors pourquoi voyager ? Pour s’arracher à ce qu’on connaît, aller au bout du monde comme tentative de creuser au fond de soi, chercher ce qu’il y a réellement derrière les masques qui s’empilent et prennent la poussière. Tout lâcher et partir seul, sans autre projet que de poser un pied après l’autre et improviser, pas tant pour mieux découvrir les autres que pour l’espoir à peine tangible d’enfin se découvrir soi. S’offrir la plus pure liberté et se demander ce qu’on en fera. S’exposer pour enfin se sentir saigner, se mettre peut-être à vif pour ressentir tout plus violemment, se consumer volontairement.
Voyager, comment ? Peu importe. Sans prévoir, sans se soucier. Sans s’illusionner sur un Ailleurs parfait, sur d’éternels instants de bonheur, mais en s’attendant à la poussière qui rend le paysage uniforme et l’air étouffant, à la fatigue, à la frustration, à l’envie de rentrer parfois. Voyager en se disant qu’on verra, voyager pour découvrir, s’attarder face aux paysages, aux étoiles, aux lumières des villes et aux reflets des vagues. Esquisser du bout des doigts dans le sable une autre histoire, découvrir l’infinité des possibles avant de retourner sur sa voie –ou une autre.
Apprendre. S’ouvrir. Découvrir. Le Monde n’est pas parfait et je veux m’en rendre compte. Le Monde est au pluriel et je n’en sais rien. Voyager pour apprendre que l’on ne sait rien ?
Voyager. Images et mots qui fleurissent, explosent comme une série de feux de Bengale bariolés et épileptiques. Sel brûlant la peau hamacs suspendus langues inconnues qui se heurtent et virevoltent dans l’air solitude maladies fatigue monochromie bleue bichromie nuancée de verts et marron infinité de l’horizon promiscuité des peaux polychromes en sueur drisses qui claquent à-coups et monotonie, toits qui fuient repas trop légers révoltes de l’estomac incompréhensions compréhension sans mots sourires regards débris peurs douleurs, joie du retour joie du départ.
Voyager. L’attente entre deux échappées occupée à osciller entre illusions et angoisse, entre regrets et remords.
Partir –parce qu’on est des égoïstes rêvant d’effleurer l’égoïsme des autres.