Zéphyr Embrasé
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Inej

Inej


Féminin Messages : 10
Date d'inscription : 22/03/2017
Age : 21
Localisation : Je serai là, un jour.
MessageSujet: Partir [P]   Partir [P] EmptyVen 23 Juin - 20:53

Je savais que j’aurais dû rentrer plus tôt.
Si elle avait été là, elle m’aurait dit de partir avant la tombée de la nuit. Mais elle n’est plus là, et je suis toute seule. La rue est déserte. La neige virevolte en suivant les mouvements du vent glacial et m'empêche de voir à plus de deux mètres. Les flocons dansent dans la faible lumière jaune des réverbères. Je suis frigorifiée. J’aurais dû me douter qu’il ferait noir rapidement, mais j’étais sortie pour y aller quand même. Il ne faut pas que je rentre trop tard. Encore une fois, j’ai désobéi. Mais ce n’est pas de ma faute, non, ce n’est pas moi. Le temps passe trop vite quand je suis avec elle. Elle ne me répond jamais, mais quand la brise souffle sur les fleurs pour retirer le givre qui les couvre, c’est comme si elle était là.
Depuis cinq ans, elle est partie. Et je ressens toujours le besoin de venir lui parler. Ils disent que je n’ai pas encore fait mon deuil et que ça peut prendre très longtemps si je refuse de réaliser qu’elle est morte. Mais je sais parfaitement qu’elle est morte. Est-ce pour autant qu’il faut l’oublier ? Je ne pense pas, non. Et même s’il le fallait, je ne l’oublierais jamais. Ce n’est pas à eux de décider si je dois l’oublier ou non. Ça ne concerne que moi. Et j’ai décidé que je ne l’oublierai pas. Et s’ils ne sont pas d’accord avec ça, je désobéirai de nouveau. D’ailleurs, pourquoi les autres ont le droit de sortir plus souvent ? Pourquoi ont-ils le droit de voir des gens sans être surveillés, toujours.
Il faut que je rentre au plus vite, sinon ils risquent de se rendre compte de mon absence, et, si cela arrivait, il n’y aurait pas de prochaine fois. Il existe un raccourci, mais je n’ai pas le droit de l'emprunter. Je me demande pourquoi… Ce n’est qu’une ruelle, rien de spécial. Ils me gronderont quand ils l’apprendront. Mais comment pourraient-ils savoir ? Et puis je m’en moque, qu’ils me grondent, qu’ils me punissent. Il fait trop froid et je veux rentrer.
L’artère est étroite, comme la plupart des rues du village. Les lampadaires éclairent plus légèrement la chaussée, mais la lune brille assez pour que je distingue mon chemin malgré la neige. Le silence est apaisant. Les flocons qui s’accrochent dans mes cheveux ressemblent à de toutes petites perles. C’est beau, l’hiver, quand on y prête attention. Les feuilles des arbres ne cachent plus les maisons enneigées, les criquets et les oiseaux se taisent, le monde est recouvert d’un voile immaculé, le temps est comme arrêté. C’est comme si on prenait les paysages, et qu’on retirait les couleurs agressives pour les dissimuler sous de grandes étoffes blanches.
Ce soir, les perles laineuses s’écoulent du ciel et viennent napper la terre de leur éclat argenté.
Un minuscule papillon blanc passe devant mes yeux, et un instant, je me demande si je ne l’ai pas imaginé. Mais je me retourne et le vois, puis j’en remarque d’autres, aussi pâles que le premier, voletant vers le cœur du village. Je poursuis ma route, dans le sens opposé des insectes, vers l’entrée à l’arrière de ma maison. Tout est calme. Je croise encore quelques papillons, qui semblent tous aller dans la même direction.
Un lampadaire grésille au dessus de moi. Les deux suivants sont éteints. Ou peut-être plus, je ne vois pas. J’entends comme une voix, un murmure qui siffle comme le vent qui s’engouffre entre les branches nues. Un chuchotement, c’est ça. Mais je ne comprends pas les paroles. Ce son me rappelle sa voix. Elle qui me comprenait. Maintenant, plus personne ne me comprend. Ils veulent tous que je prenne des médicaments et que je me repose. Elle, au moins elle m’écoutait.
Il y a quelque chose devant moi. Une grande silhouette aux épaules carrées, avec deux ailes tout aussi impressionnantes, et deux yeux vides. Une silhouette très étrange.
Et puis plus rien. Envolée, l’ombre; évanouie, la voix; partis, les papillons; tombée, la neige; cachée, la lune; éteints, les réverbères. Disparu, tout ça.
Ils vont encore dire que je mens, me donner des médicaments.
Non, pas de médicaments, je ne veux pas.
Pas leur dire, il ne faut pas.
Rentrer, rentrer, rentrer, vite.
Pas de piqûres, pas de médicaments, pas de questions.
C’était vrai, c’était là. Plus là. Pas me croire, ils ne voudront pas me croire. Ils ne m’écoutent jamais, ils veulent que je répète, toujours. Ils ne comprennent pas. Rentrer, rentrer chez moi, recommencer, comme avant. Que tout redevienne comme avant, je veux rentrer. Pourquoi, pourquoi eux, pourquoi pas moi ? Pourquoi moi, pourquoi pas eux ?
Ils ne comprennent pas, ils ne veulent pas. Froid, j’ai froid. Noir, il fait noir. Rien, plus rien. Disparu, envolé, étouffé, évanoui, éteint, caché, tombé, tout ça. Plus rien. Tout ça, parti. Comme elle, partie.
Rentrer, je ne veux pas.
Partir, juste partir.
Partir.
Partir [P] 734054imgcheck2resEt même s’il le fallait, je ne l’oublierai => oublierais (ça reste une condition, même si dans d'autres conditions, les conditions effectives, le résultat est le même)
comprennait => comprenait
 
Daivou

Daivou


Masculin Messages : 329
Date d'inscription : 20/01/2015
Age : 26
Localisation : Dans une petite boite avec pour destinataire "Zéphyr Embrasé"
MessageSujet: Re: Partir [P]   Partir [P] EmptySam 24 Juin - 1:43

Je suis de plus en plus impressionné par tes textes, ils se lisent vraiment bien et ont une bonne régularité. J'aime la façon dont nous entraîne ce dialogue intérieur.
J'espère que tu continueras d'écrire, car il est sûr que tu as un don pour cela.
 
Meredith Epiolari

Meredith Epiolari

Reine de l'Impro
Féminin Messages : 1431
Date d'inscription : 29/07/2014
Age : 26
Localisation : Between the peanuts and the cage
MessageSujet: Re: Partir [P]   Partir [P] EmptyMar 27 Juin - 10:12

Orel va être content, il va encore pouvoir placer son jeu de mots en constatant qu'il neige dans un texte d'Inej Razz

Je trouve cette nouvelle particulièrement réussie, les ambiances hivernales sont très travaillées, et ce n'est pas facile à rendre, mais on s'y croirait. Il y a une palette de détails très riche et très visuelle, je pense par exemple aux réverbères allumés ou bien éteints. Il y a donc de très belles images, très nettes, avec l'hiver et cette petite fille au centre.

Comme toujours dans tes textes, on n'a pas vraiment d'explication claire sur la situation du personnage à la fin, mais on peut imaginer ce qu'on veut, on devine qui est "elle", on n'a pas besoin de plus. Je trouve ça très fort, et je pense que c'est rare pour une jeune auteure comme toi de ne pas avoir ce besoin parfois inutile de tout expliquer.

Le récit est prenant, le style très épuré, c'est effectivement impressionnant.

Mention spéciale :

Inej a écrit:
Et puis plus rien. Envolée, l’ombre; évanouie, la voix; partis, les papillons; tombée, la neige; cachée, la lune; éteints, les réverbères. Disparu, tout ça.

C'est magnifique, super rythmé, j'adore. Je partage l'envie de Daivou de te voir écrire d'autres textes ! En attendant, bon courage pour le brevet, tu vas avoir une super note en rédaction Wink
 
Kaw'



Gni suprm
Messages : 340
Date d'inscription : 18/08/2014
Age : 25
Localisation : La tête sous l'oreiller
MessageSujet: Re: Partir [P]   Partir [P] EmptyLun 30 Oct - 17:03

Bienvenuuue (il vaut mieux tard que jamais, non ?) J'approuve les deux précédents mais pour une fois que Rimi n'a pas déjà fait un long commentaire super détaillé je vais en profiter (ça ne vaudra jamais les siens, d'ailleurs tu y as peut-être déjà eu droit sur un autre texte).

"Je savais que j’aurais dû rentrer plus tôt." La première phrase me gêne un peu, elle est peut-être trop... bateau ? Malheureusement (aide tout à fait inexistante!) je ne saurais pas te conseiller x)

"et m'empêche de voir à plus de deux mètres" Tout le texte se déroulant dans une ambiance un peu trouble et cottono-brumesque, la précision brute des "deux mètres" fait un peu rupture. Ça reste une expression mais tu peux peut-être essayer d'éviter la mesure chiffrée, par exemple avec "m'empêche d'y voir clair" ou un truc du même style...

" Je ne pense pas, non." J'ai toujours une voix méprisante qui prononce ces mots dans ma tête quand je les lis mais je suis peut-être la seule à être atteinte de cette pathologie particulière x) J'aurais juste mis "je ne pense pas" mais si ça ne dérange personne d'autre (et surtout si ça ne te dérange pas) n'y touche pas ^^

"ils risquent de se rendre compte de mon absence, et," Je ne suis pas sûre que la virgule avant le "et" soit grammaticalement correcte (mais Rimi doit avoir la réponse) ni essentielle ici

"Les feuilles des arbres ne cachent plus les maisons enneigées" J'adore cette remarque, je n'y avais jamais pensé !

"C’est comme si on prenait les paysages, et qu’on retirait les couleurs agressives pour les dissimuler sous de grandes étoffes blanches.
Ce soir, les perles laineuses s’écoulent du ciel et viennent napper la terre de leur éclat argenté.
" n.n (n.n signifie toujours petits-yeux-émerveillés)

Les papillons :3 Il y a une signification dans le fait d'aller à contre-sens des papillons blancs ? (Genre aller à l'opposé des autres, ou ne pas suivre ce qu'on lui conseille, ou...)

"Les deux suivants sont éteints. Ou peut-être plus, je ne vois pas" Peut-être plus = ne sont peut-être plus éteints ? Comme pour tous les autres commentaires c'est peut-être juste personnel, mais je trouve la phrase un peu brutale. L'ambiance précédente avait été superbement bien installée, et là il y a cette transition brutale qui (me) perd un peu...

" Elle, au moins elle m’écoutait. " Génial : on (je) n'arrive pas à savoir si le personnage se rend compte de sa folie mais, même si elle le sait, avec cette phrase on peut imaginer qu'elle l'accepte pour échapper à sa solitude n.n

"Une grande silhouette aux épaules carrées, avec deux ailes tout aussi impressionnantes, et deux yeux vides. Une silhouette très étrange." A nouveau un peu brutal et expédié, non ?

"Et puis plus rien. Envolée, l’ombre; évanouie, la voix; partis, les papillons; tombée, la neige; cachée, la lune; éteints, les réverbères. Disparu, tout ça. " Phrase magique.

Et la fin est géniale, la transition entre les lentes descriptions du début et les mots hachés est nickel, tout devient plus abrupte, la reprise avec "Disparu, envolé, étouffé, évanoui, éteint, caché, tombé, tout ça.", j'irais presque chercher un petit pouce bleu dans mon sac.
 
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