J'avais l'air amoureux en lacérant la gaze,
De ce piano aqueux, timide kamikaze,
Dont les humides yeux, dégoulinants topazes,
Hurlaient la note bleue – élyséenne extase !

Mi bémol, mi amor,
Si, ré, do, las mon corps.

J'ai joué hors de portée, en artiste virtuose,
Entre ses reins planté quelques arpèges roses :
« Ronde, blanche, pointée, jolie petite chose,
Je vais t'improviser un concert-ecchymose ».

Mi bémol, mi amor,
Si, ré, do, las mon corps.

Les doigts dans mon morceau, oubliée ma noèse,
J'ai traité mon piano de gouvernante obèse
(Traditionnel bureau des accords parenthèses),
Pour graver sur son dos une lettre à Thérèse.

Mi bémol, mi amor,
Si, ré, do, las mon corps.

Ce méfait accompli, j'ai pleuré de bêtise :
J'avais deux rosalies perdues sur ma chemise,
Suffisante ordalie, preuve de ma traîtrise,
« Va », me dit ma folie, « Va-t'en, je te méprise ».

Mi bémol, mi amor,
Si, ré, do, las mon corps.

Pour cette bagatelle, en lamineur d'épouses,
J'ai perverti le duel de nos bouches ventouses,
Violé au glockenspiel son heureuse pelouse :
« Je t'aime jusqu'au ciel, de quoi es-tu jalouse ? ».

Mi bémol, mi amor,
Si, ré, do, las mon corps.

Brisée, la bouche en lyre, elle répond, confuse :
« J'ai aimé ton désir, je me croyais ta muse,
Mais tu peux bien t'enfuir, si me blesser t'amuse ».
Pause, double soupir : je n'avais pas d'excuse.

J'adore ce poème, je trouve que le vocabulaire musical se marrie bien avec l'aspect poétique de ce texte. Je trouve aussi que le fait de personnifier des instruments de musique se fond bien dans le texte . Au plaisir de te relire *-*

Ce qui est bien avec ce qu'écrit Mere, c'est qu'on n'est jamais déçu :')

Merci vous deux, vos commentaires me font très plaisir

Ouah, j'adore ce mélange entre le vocabulaire musical et la poésie, ça donne un rythme incroyable et j'ai presque eu l'impression de lire un morceau :3
(Mais que vient donc faire Thérèse ici ?)

Eh eh, normal, c'en est presque un

Je comprends que tu sois troublée, tu as fait connaissance avec les deux Thérèse à la suite alors qu'en réalité plus de huit mois les sépare et j'avais complètement oublié la première au moment d'écrire la deuxième xD

La vérité, c'est qu'il n'y a aucun rapport entre elles. La première, c'est celle de Lyonel Trouillot dans Thérèse en mille morceaux, que je n'ai pas lu, mais que j'ai bien aimé inventer avec le fantôme de Desqueyroux dans un coin. Et la deuxième, c'est elle :

Spoiler:

Et comme j'aime jouer, je ne te dis pas qui c'est
Bon courage pour la reconnaître ~ (Tu peux demander de l'aide à Dys, à mon avis c'est la mieux placée pour trouver, mais ça ne sera pas de la tarte )

AHA J'AI TROUVÉ
C'est Thérèse Malfatti ?
Et merci pour l'explication parce que je me demandais s'il fallait trouver une connexion mais j'avais pas vu que les deux textes étaient séparés d'autant de temps mais bref :3

Bien joué, tu gères