| | IskupitelSire de Picardie, Souverain des Isles de Coupe et de Pitel Messages : 496 Date d'inscription : 26/07/2014 Age : 26 Localisation : Ouest de la France | Sujet: Soleil en La [P] Sam 9 Jan - 13:06 | |
| - Avant-propos:
Voilà voilà, mon premier TPCF ~ S'il n'est pas très long, c'est car je me suis imposé un temps limite et que j'ai bien fait attention à ce que les règles du TPCF soient respectées. Ce devrait donc être, si ce n'est pas un texte appréciable pour sa valeur intrinsèque, au moins un bon exemple d'un TPCF type, scolaire et conventionnel. Sur ce, bonne lecture ~
Soleil en La
Les notes s'élèvent doucement à travers les nuages, dépassant les masses d'eau en les saluant gaiement. Le la donne la mesure, guidant sa portée avec l'attention que la mère porte à ses enfants. Dans sa façon de bouger, on sent qu'il est heureux. Il vole harmonieusement, surplombant lentement la baie où il est né. Sourire apaisé aux lèvres, il cligne des yeux lorsque, de derrière un nuage, surgit le soleil, plus éblouissant que jamais, et tellement beau. Le la, même s'il veut montrer qu'il est grand et fort, ne peut se retenir d'exprimer sa joie devant un tel spectacle. Le ré le suivant ne tarde pas à l'imiter, et bientôt c'est toute une octave qui flotte, bouche bée, entre les nuages, suffisamment haut dans le ciel pour ne pas être embêtée par autre chose.
Plus bas, le piano accouche de nouvelles notes, toujours aussi cristallines mais peut-être plus emplies d'émotions que les précédentes. Le compositeur est heureux de voir son œuvre jouée ; les notes sont heureuses d'y participer ; le pianiste est heureux d'être ainsi, sur l'océan, au cœur de la baie, bègue par sa bouche et rhéteur par ses doigts. Il ne sait pas s'il a un public en plus de celui qu'il a dans son esprit ; mais, sur la rive, les oreilles se tournent, et les notes qui s'élèvent ne sont plus les seules à regarder le soleil se lever. Le pianiste, en communion avec son eau, sourit ; joue. Parfois, il relève la tête vers la lumière sans arrêter ses doigts, comme cherchant la suite, mais bien vite se recentre sur la partition, qu'il connaît déjà par cœur. Les notes s'élèvent en continu, accompagnant délicatement le réveil du soleil, qui exprime sa joie de ses rayons dorés.
Sur une colline tout de vert vêtue, une jeune fille, assise, soufflant de fatigue, se repose. Elle vient d'achever sa course, et peine à garder les yeux ouverts. Mais au loin, comme pour ponctuer son désir de rester éveillée, elle voit apparaître le la, le soleil, et le pianiste. Tourbillonnant dans les reflets paradisiaques du soleil sur l'eau calme et douce de la baie, ils semblent comme prenant leur envol pour atteindre de nouvelles hauteurs à travers la musique. Cette musique, ces quelques notes, ces sons à peine audibles traversant l'air aussi vite que possible pour s'acquitter de leur tâche, tout cela capte l'attention de la fillette, qui reste comme bouche bée devant un spectacle d'une telle beauté. Les yeux grand ouverts, elle fait tout son possible pour enregistrer mentalement ce moment, n'en perdant pas une seule goutte, comme subjuguée par la beauté de cette harmonie. La voilà bien vite qui s'adosse à un arbre environnant pour mieux profiter du spectacle, alors que les nuages sont poussés par le compositeur, dans un effort de confirmation de la paix qui règne. Elle est heureuse d'avoir couru jusqu'ici pour une telle récompense, et son petit cœur la conforte dans cette idée. Ses cheveux légèrement ondulés par le vent, elle s'arrête de bouger, comme une statue, pour s'assurer que rien ne perturbera l'instant. Et lorsque le piano cesse, les notes persistent. |
| | Meredith EpiolariReine de l'Impro Messages : 1431 Date d'inscription : 29/07/2014 Age : 26 Localisation : Between the peanuts and the cage | Sujet: Re: Soleil en La [P] Sam 9 Jan - 16:28 | |
| Je ferais bien une interprétation subversive de ton texte, mais j'ai une khôle à préparer et il ne faut pas que je passe trop de temps sur ce commentaire Je vais donc mettre en valeur les choses qui m'ont VRAIMENT troublée pour un TPCF, sans mauvaise foi et en m'appuyant sur des symboliques qui font l'objet de conventions. - Iskupitel a écrit:
- de derrière un nuage, surgit le soleil
Cette image ne me paraît pas suffisamment idyllique. Un ciel sans nuages, c'est la représentation qu'on a d'un jour parfait. Lorsque des nuages cachent le soleil, on en retire une impression négative dans un texte, du moins selon moi. - Isku a écrit:
- même s'il veut montrer qu'il est grand et fort, ne peut se retenir d'exprimer sa joie devant un tel spectacle
On pourrait ne pas y voir un complexe d'infériorité mais une simple constatation, cependant le "même si" a un côté violent. Il y a une impression de vanité, le la essaie de se montrer grand et fort mais, malgré tous ses efforts, il n'y parvient pas tant le soleil lui vole la vedette. Je trouve ça triste. D'une manière générale, il me semble que des expressions comme "mais", "bien que" ou "même si" ne devraient pas trouver leur place dans un TPCF, car elles induisent un rapport d'opposition et sont construites sur le modèle "[chose déplaisante] mais [chose plaisante]". - Isku a écrit:
- suffisamment haut dans le ciel pour ne pas être embêtée par autre chose
Sous-entendu, plus bas ce serait possible qu'elles soit embêtée par autre chose ? Bon, d'accord, j'ai cherché la petite bête ce coup-ci. - Isku a écrit:
- le piano accouche de nouvelles notes
Le verbe "accoucher" renvoie objectivement à la douleur (outre le fait que ça nous mette dans la tête un joli con tout mignon, mais là je suis dans une vue plus subjective). - Isku a écrit:
- bègue
Ce mot est porteur de disharmonie. Un comble dans un texte musical comme celui-ci. - Isku a écrit:
- soufflant de fatigue
tâche
effort Comme "accoucher", ces mots revoient au travail, donc à la douleur (tripalium > torture). En cherchant un peu plus loin mais en restant toujours assez objective : - Isku a écrit:
- se recentre sur la partition, qu'il connaît déjà par cœur
Monotonie et prévisibilité, absurdité du monde et de la vie. Désagréable. - Isku a écrit:
- peine à garder les yeux ouverts
désir de rester éveillée
Les yeux grand ouverts
lorsque le piano cesse Je trouve qu'avec toutes ces phrases réunies, on peut sincèrement se demander si la jeune fille ne vient pas de mourir. - Isku a écrit:
- les notes persistent
La persistance est associée pour moi aux parasites, ce qui est désagréable. Je n'irai pas plus loin, mais je ne doute pas que ton texte soit rempli de sexe et de violence si je le désire vraiment TPCF NOT APPROVED Toutefois, c'est très agréable à lire, et c'est une très jolie nouvelle (Vive le copier/coller ) Bon, je te dois quand même quelque chose de plus constructif : c'est très joli et bien fait mais je n'aime pas, parce que je n'aime tout simplement pas l'idée des TPCF que je trouve trop naïfs et... plats. Finalement, à chaque fois que j'aime un TPCF, j'aime la manière dont il joue avec ses propres codes en interrogeant sa nature. Par exemple, mon TPCF préféré est celui de Dada, Le Petit coin de vallée parce qu'il décrit un lieu de mort en restant tout à fait pur et recevable en tant que TPCF. De plus, qu'importe l'intention de l'auteur, on trouve dans un texte ce qu'on est venu y chercher, ce qui explique les mauvais usages faits de certains textes religieux qui sont pourtant magnifiques. Voilà pourquoi créer une catégorie de texte en fonction de l'intention de son auteur me paraît absurde. Au plaisir de te lire à nouveau ~ |
| | IskupitelSire de Picardie, Souverain des Isles de Coupe et de Pitel Messages : 496 Date d'inscription : 26/07/2014 Age : 26 Localisation : Ouest de la France | Sujet: Re: Soleil en La [P] Sam 9 Jan - 17:02 | |
| Je ne doute pas que tu sois convaincue par ce que tu utilises comme conventions, mais je doute des conventions. Je garde à l'esprit qu'un TPCF est fait pour être lu par des gens naïfs, enfantins. En ce sens, la symbolique de l'accouchement n'est que positive, comme le travail n'est pas négatif. De même, la « Monotonie et prévisibilité, absurdité du monde et de la vie » ne me semble pas consécutif de l'apprentissage par cœur d'une partition. Que le lecteur soit enfantin ou non, d'ailleurs. Je vois plus cela comme un pianiste subjugué par la beauté du morceau qu'il joue. Idem pour le « même si ». Si tu y vois quelque chose de déplaisant et triste, ce n'est pas mon cas. Par ailleurs, je reviens sur ton premier désaccord, et ceci particulièrement : « Un ciel sans nuages, c'est la représentation qu'on a d'un jour parfait. » Si, il est vrai, une journée peut être plus jolie sans nuages, je ne vois pas en quoi cela peut être un problème. Un TPCF n'est pas parfait, il est beau. Pour ce qui est d'être bègue, je ne trouve pas cela très sympathique de ta part pour tous les bègues. C'est beau d'être bègue, comme c'est beau d'être rhéteur. L'un n'est pas plus beau que l'autre. Le TPCF, c'est aussi montrer la beauté où qu'elle soit et accepter les différences de tous. Pour ta remarque sur l'état de la fillette, tu es partie directement sur un sous-entendu, inexistant. Comme c'est écrit, elle est fatigué parce qu'elle vient de finir sa course. Enfin, pour les notes qui persistent, elles... persistent. Rien de plus. Avec la même suffisance que tu utilises lorsque tu parles des TPCF, ce que je retire de ton commentaire c'est surtout que tu as un regard largement biaisé sur ce qu'est un TPCF. Tu es trop habituée à aller chercher des sens cachés et des secrets pour que tu puisses accepter le fait qu'un texte peut juste essayer d'être joli et de décrire des choses simples et écartées de la douleur du monde extérieur. L'absurdité que tu trouves dans le principe du TPCF est directement issu de ton incapacité à accepter qu'un texte ne soit pas fait pour toi mais pour un petit groupe de lecteurs uniquement. C'est pourquoi à chaque fois que tu écris "on", je pense qu'il serait plus avisé d'écrire "je". Tu n'es pas faite pour les TPCF, je le conçois et l'accepte bien. Ça ne m'étonne pas trop, d'ailleurs. Ce qui s'annonçait constructif dans ton commentaire ne l'était pas vraiment, d'ailleurs. |
| | | Sujet: Re: Soleil en La [P] | |
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