- Hey, Moon.
Il se retourne vers moi, la lune en arrière plan. Je sais qu’il aime ce surnom, déjà parce que c’est moi qui l’ai trouvé. Non, pas pour ça, mais bon.
Je sais qu’il aime ce surnom parce qu’il aime regarder la lune au dessus de l’océan la nuit. Il ne l’avait jamais vu avant. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que personne ne s’était dit que ce serait bien pour un enfant de voir au moins une fois dans sa vie l’océan. L’océan. La mer ce n’est qu’une vaste baignoire. Alors que l’océan… C’est autre chose tout de même.
L’océan c’est sauvage et beau. C’est la marée, la tempête, le vent et le sable qui voltige et fouette le visage. C’est le vent qui soulève les cheveux et l’eau qui tourbillonne et claque contre les rochers. Qui crie et qui couvre tous tes hurlements, à toi. C’est le calme et la caresse des vagues sur tes pieds. C’est le murmure qui te laisse derrière tous tes ennuis. C’est cette odeur de sel qui te laisse une impression de nostalgie et reste sur les lèvres.
Que quelqu’un ne l’ait jamais vu, ça me dérange, j’ai l’impression que ce n’est pas un Homme complet. Alors que pour l’Homme, la terre symbolise quelque chose de connu, d’habituel, l’océan est un renouveau. C’est l’aventure, c’est la recherche du bout du monde. C’est l’inconnu aussi, c’est aller outre ce que l’on pense, ce que l’on vit. C’est rencontrer de nouvelles choses, de nouvelles personnes et étendre son horizon. Et l’océan, c’est aussi le rêve. C’est l’imagination à plein régime. Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Si je suis cette ligne invisible et que je vais tout droit, où est-ce que j’arrive ?
Je ne pas imaginer ce qu’imaginaient les Vikings en voyageant. A part être ce peuple barbare et pillard que l’on connaît, c’était surtout de merveilleux navigateurs et commerçants. Non ? Vous ne saviez pas que les Vikings avaient découvert l’Amérique cinq siècles avant Christophe Colomb ? Et bien. Voilà. C’est fait. Ils ont découvert en allant toujours plus au nord, des îles inhabitées jusqu’à traverser un océan entier jusqu’à une autre terre. C’était de vrais explorateurs.
Voilà ce à quoi je pense quand je vois ce bout d’Homme regarder l’océan. Je pense à ces explorateurs qui ne savaient pas ce qu’il y avait à l’autre bout de toute cette eau mais qui décidaient de prendre la mer tout de même. En fait, je suis un peu triste. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à découvrir pour nous. Tout à déjà été fait. Le travail est mâché. Malheureusement.
Et pourtant, il se retourne avec les mêmes étoiles qui brillent au dessus dans les yeux. Il me sourit de toutes ses dents en me disant que plus il voit l’océan, plus il le trouve magnifique. Il prend mes mains, me fait tournoyer dans le sable. C’est normal, je suis comme lui et je l’étais quand j’ai vu l’océan pour la première fois. Quand j’ai vu que le monde n’était pas aussi restreint que je ne le pensais avant. Avant que je ne devienne un Homme entier. J’ai eu envie de prendre mes bras et de charger un putain de bateau qui pourrait m’emmener au bout du monde. Juste l’océan et moi. Mais que faire, alors que tu es un bout d’Homme ? Rien.
Et pourtant, je sais qu’il pense comme moi. Mais je ne sais pas pourquoi j’ai voulu lui montrer ça. Pourquoi ? Parce que deux bouts d’Hommes ça devrait suffire pour aller se battre face à l’océan non ? Aller découvrir le bout du monde, juste à la force de nos bras. Pourquoi pas ? Ça me dirait bien, moi. Les bouts d’Hommes comme nous sont faits pour voyager et surtout sur l’océan. Ils sont faits pour disparaître du jour au lendemain sans que personne ne sache où ils sont passés et qu’on ne découvre qu’un bateau a disparu. Voilà.
Les bouts d’Hommes sont fait pour être libres.
| dernière tous tes ennuies => derrière tous tes ennuis mais qui décidait => décidaient Il me sourie => sourit |