IskupitelSire de Picardie, Souverain des Isles de Coupe et de Pitel Messages : 496 Date d'inscription : 26/07/2014 Age : 26 Localisation : Ouest de la France | Sujet: Doux sourire [P] Mar 20 Oct - 4:09 | |
| Le mois de juin se termine doucement. Les fleurs environnantes, de leur rouge vif, éclaboussent les badauds de leur joie. Sur leurs tiges d'un vert jeune, elles se dressent, de toute leur hauteur futile, de toute leur banalité affligeante. Soudainement plongées dans l'ombre, elles se multiplient sans un bruit. Mais si l'on vient à les éclairer, voilà qu'elles prolifèrent encore davantage. La pousse est devenue montagne ; le buisson a pris du poids. Les fleurs surplombent avec une dignité maladive, presque attristante tant elle est risible, l'étroit chemin de gravier qui longe le mur de la propriété ; lorsqu'on y marche, l'on entend les rires venant de la maison, les éclaboussures de la piscine et les briquets frénétiques. L'eau qui ne dort plus jaillit parfois sur ce sentier pris entre deux feux ; d'un côté la maison, de l'autre la mer. Derrière les fleurs, éclairés par le soleil, deux vieux pins parasols achèvent leur longue vie avec langueur ; leurs branches sont fines et cassantes, leurs épines brisées. Mais, toujours, ils se dressent avec une fierté que rares sont les anciens à posséder : une fierté non de sagesse, mais de bonheur.
En s'éloignant davantage du mur, l'on trouve la piscine. C'est là qu'elle est, tant jeune que sublime. Ses cheveux sont humides, mais son visage ne laisse apparaître aucune goutte. Elle se tient au bord de la piscine surélevée, les mains dans l'eau tiède et les fesses, tendues vers les rosiers, en contrepoids. Ses bras reflètent tout l'effort qu'elle fait pour se tenir ainsi ; et parfois elle trésaille, se reprend, s'avance d'un iota, change de bras d'appui. Elle est belle, à se donner du mal pour l'être. Son maillot, auquel il ne manque qu'une hermine, tombe à mesure que ses efforts portent leurs fruits. Ses pommettes s'empourprent, ses lèvres s'élargissent, ses sourcils se vallonnent. Son front est dégagé de ses cheveux blonds dont les pointes touchent l'eau chlorée, mais il est empli de concentration. Pour la photo, elle tente de paraître détendue, mais la tension de ses muscles la trompent ; et son sourire gêné n'a d'égale que l'habile flexion de ses jambes destinée à réceptionner le maillot déserteur.
Puis elle abandonne, peste poliment et se rhabille en hâte, remet ses cheveux et débarrasse son menton d'une goutte dissidente. De ses mains mouillées, elle caresse sa chevelure, le regard porté vers les falaises lointaines, par-delà le muret et les rosiers. Éblouie par le soleil de midi, elle se retourne, illuminée d'un sourire, et annonce : « C'est bon, je suis prête ! » Alors elle se remet en position, attache bien son maillot, et fait un avec l'eau pour faire jaillir en l'esprit de tous les photographes la beauté maîtrisée de ses lèvres tirées. C'est un sourire simple mais enjôleur, tantôt frais et tantôt timide. Elle est belle, reflétée dans les vaguelettes. Il est beau, ce regard déterminé qui complète son visage. Ils sont doux, ces yeux vert sombre qui se perdent dans l'eau bleue. Elles sont douces, ces petites imperfections qui la rendent séduisante. Elle jette un œil aux rosiers, et leur adresse un autre visage, un sourire de bonté et de candeur, un regard de gratitude et de salut. [-] - Après-propos:
Et hop, quatorzième o/ J'espère qu'il vous aura plu et que j'aurai su vous évoquer de belles choses. Je suis preneur de commentaires, comme toujours, et il n'y a pas de références. Vivement le n°15
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