Sur ces planches de bois usées par les efforts du temps, je t’attends encore. Seule sur cette scène triste et dépravée. J’attends ton arrivée. Dans ce décor chaotique, j'observe ces vieux rideaux rouges d’antan, qui, salis par la poussière, devaient briller de mille feux autrefois. Le craquement des planches sous mes pieds résonne dans cette immense salle vide, avec pour seuls habitants, les quelques araignées qui se baladent dans les recoins les plus cachés. J'ai beau hurler personne ne m'entend, seul l’écho de ma voix me revient comme une réponse.  Alors je m'assois seule sur ce vieux plancher, avec comme seul espoir ce trou dans le plafond qui laisse jaillir la lumière sur mon visage. Le soleil réchauffe doucement ma peau. Il m'apaise. En regardant au loin j'aperçois avec difficulté les anciens fauteuils détruits et usés par les gens. Une main délicate se pose alors sur mon épaule. Enfin. Il laisse apparaître un sourire sur sa bouche. Il me caresse les cheveux, toujours silencieux. Pas un mot, plus un bruit. Tout paraît si calme. Il me vole tendrement un baiser, alors que depuis longtemps il m'avait volé mon cœur. Il dépose son souffle chaud dans ma nuque en me tenant la main. Et sa voix rauque qui me dit: « Viens » me laisse paraître un mystère, celui qu'il a toujours été pour moi. Il m’emmène au centre de la scène, puis m'enlace. Il se met alors à me faire danser sans musique, ni mélodie, sans bruit. La seule mélodie que l'on pouvait entendre à cet instant était celle de nos deux cœurs à l'unisson. En laissant parcourir nos peaux de frissons. Nos corps ne faisaient plus qu'un, dans ce sombre théâtre abandonné. Dans ce triste décor, devenu un peu plus beau maintenant.