IskupitelSire de Picardie, Souverain des Isles de Coupe et de Pitel Messages : 496 Date d'inscription : 26/07/2014 Age : 26 Localisation : Ouest de la France | Sujet: Ultime sourire [P] Ven 22 Mai - 14:38 | |
| C'est la fin, mon amie. Nous serons bientôt séparés par la vie, séparés par les choses de celle-ci, séparés par la nuit. Il y a peu, j'ai surpassé la barricade nous séparant, j'ai volé au-dessus, je me suis employé à te rejoindre, à te voir, à te parler. Je me suis attaché à ne pas te laisser sans réponses, que tu le veuilles ou non. J'ai vu dans tes yeux ce que je voulais voir ; j'ai perdu dans ta bouche tout ce qu'il me restait de courage, j'ai abandonné mon amour propre et suis tombé à tes genoux, t'ai adorée. Tu m'as regardé, tu m'as répondu ; mais plus que tout, tu m'as parlé, tu as continué la conversation, tu as tendu la bouche, tu as voulu me retenir par tes paroles. Pour la première fois, j'ai vu tes yeux devenir orbes et s'emplir de larmes refrénées, ton sourire s'effacer ; j'étais heureux et triste, de la manière la plus égoïste qui soit. Tu as prononcé mon nom, tu as regardé dans mes yeux, au fond de ceux-ci, au plus profond de mon âme. Le silence s'installa, entre nous deux, au milieu de cette foule passante au vacarme insupportable. Tes bras m'entourèrent du mieux qu'ils le purent, et contre moi tu pleuras.
Je te vois à présent, je te regarde comme je peux, malgré mes yeux embrumés par la courte nuit achevée il y a peu. Entre deux expirations de fumée, je pose mes yeux sur toi. Ton sourire est fané ; tes yeux sont fermés ; tes cernes sont épaisses. Je m'en veux, tu sais. Je n'ai jamais souhaité t'empêcher de vivre correctement, t'enlever à tes obligations, à tes pensées, à ta vie. Je ne veux pas que tu me vois comme celui qui t'aura fait pleurer. Je ne suis pas digne de telles effusions. Il n'est pas mon rôle d'occuper tes pensées. Ton sourire, ce matin, est plus triste qu'il n'a jamais été. Je me souviens, en te regardant, de ton rire ; combien de temps est passé depuis que tu n'as pas ri à mes sottises ? Je me rappelle tes yeux vagabonds n'aimant pas à regarder que mon visage. Il me fallait reprendre ton menton de la main afin de le relever, comme pour t'arracher à ce qui t'effrayait et t'impressionnait à la fois, à ce qui t'intriguait.
À présent, je ne te reverrai plus. Tu deviens, à ma plus grande peine, petit à petit, de manière fourbe et furtive, une ombre s'éclipsant, un souvenir qui s'efface. Tu es passée devant moi, les yeux noirs, le sourire en berne, sans me voir, sans me regarder. Je n'ai pas trouvé le courage de te rejoindre au pas de course comme je l'ai fait hier. Mon cœur tambourinant contre ma poitrine a souhaité te rejoindre ; il est à présent essoufflé, il est à présent faible et triste. Je n'ai pas pu accomplir tout ce que je souhaitais faire. Je ne pars pas sans regrets comme je l'espérais. Je n'ai pu trouver le sommeil, trop accaparé par le souvenir que tu laisses. Je me suis haï de ne pas parvenir à te revoir, entière, lorsque je ferme les yeux. J'ai prié pour être libéré, que ce soit de toi ou de moi. Je ne sais comment vivre sans toi, comment garder ma force, comment continuer à tenir debout. Je suis partagé entre le désir de t'avoir toute à moi et celui de nous voir être entièrement séparés. Je ne peux tolérer cette demi-mesure, ce chemin de traverse, ce faux-plafond, ce double-fond. Je ne puis te, mais je dois me, haïr. Il est temps pour moi de descendre de la scène sous le bruit de l'exode, de rejoindre les rangs, de m'asseoir sur le tissu rouge et de regarder, à mon tour, la prochaine œuvre se dérouler. [-] - Après-propos:
Énième texte souriant ! (En vrai c'est le 12ème, voire le 14ème si on compte Évangile et À mes yeux. Je suis plus tenté de compter À mes yeux qu'Évangile ; bref.) Sûrement le dernier, puisque je n'ai plus matière à écrire et que je pense avoir un peu usé le filon ^^' N'hésitez pas à proposer des références et à poster un commentaire et/ou une confirmation de lecture, ça fait toujours plaisir ~
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