Tu es comme le dix-huitième été. Avec toi, tout est une première fois. Avec toi, tout est tendre, tout est doux, sucré. Avec toi, toutefois, tout cache une déception, une fourberie, un double-fond. Avec toi, pourtant, je pourrais m'abandonner et t'abandonner mon cœur ; te laisser maîtresse de mes désirs et de mes envies, de mes rires et de mon bonheur, de mon être et de ma tête. Dieu sait combien il me coûte d'assurer pareilles fantasmagories. Car sous cette épaisseur moite qu'est mon cœur, je sais bien, moi, que je le veux. Toi aussi tu le sais, grand bien t'en fasse ; et je prie pour que de tels destin et dessein me soient offerts. Par-derrière ton cœur, tu éblouis la scène te faisant face, cette cène où je romps mon pain avec toi, sans retour autre que le plus beau de tous, ton sourire. A-t-on déjà vu plus expressif, plus profond, plus complet, qu'un sourire ? C'est en cette entièreté que je m'épanouis et que je m'évanouis, c'est en ces abysses que je me panse et que je me pense, c'est en ces émotions que je me trouve et me transcende, me refais et me repais.
Je ne me souvenais pas que tu étais aussi belle. Je ne me souvenais pas de tes cheveux et de tes lèvres. J'avais oublié tes jambes et tes hanches. Pour autant, je ne t'ai pas effacée. Tu es toujours restée près de moi, en mes rêves, en mes pensées. Tes traits, ton sourire, tes yeux, je les voyais, les ressassais, les travaillais pour m'assurer que ce ne serait pas notre dernière rencontre. Toute ma vie, j'ai cherché cet instant fabuleux, ce souvenir qui resterait en moi et ne disparaîtrait pas comme les autres. Je pense l'avoir trouvé, je crois l'avoir vécu, je l'ai gardé. Tu es cette fois, cette première fois, ce morceau de route mal entretenue qu'on appelle temps. Tu incarnes en moi ce commencement, ce renouveau que tu ne connais pas. Tu parais si frêle, mais tu es si forte. Tu sembles telle une ombre qui traverse le plateau et s'asseoit dans un train te menant à l'autre bout du monde, si loin que je ne peux te rejoindre.
Aujourd'hui, tu m'as souri. J'ai aimé ce sourire, l'ai trouvé sucré, en ai redemandé. En ce jour, tu t'es retournée, pour la première fois. Ce sourire fut comme un feu de joie, un grand festin, un grand soleil. Là, tu as cherché mes yeux. Je vis le train partir, suivre les rails me contournant, et ta tête suivre le mouvement pour me garder en toi, en ton champ de vision, en ton esprit. Quel trait : voilà que la prunelle de mes yeux est devenue son propre objet. Alors que mon esprit s'embrume de pensées t'associant à des saillies, un dernier signe de ta main induit mon sourire, et me voici de nouveau à l'endroit de notre rencontre, une pomme croquée entre les mains, béat, sot. Peut-être ai-je touché le sol et l'ai-je embrassé. Peut-être ai-je cligné des yeux pour m'assurer que tu étais toujours la même. Peut-être ai-je vu l'averse et l'ai-je évitée. Sûrement ne t'oublierai-je.
- Après-propos:
Et voilà, suite des aventures souriantes ~
Quatre références aujourd'hui !
J'espère qu'il y aura plus de commentaires que de références x(
J'espère que vous avez apprécié votre lecture et que vous ne m'en voulez pas de monopoliser la sous-section "Autres nouvelles" :')