Je n'avais pas d'idée de titre et je mourais d'envie de copier Isku
J'aurais pu mettre ça dans la partie fanfic mais je crois que l'oeuvre originale vous aurait un peu rebutés ^^ (alors que c'est démentiel comme source d'inspiration !)
Vous reconnaîtrez vite si vous connaissez un peu Elle dormait près de moi, nous étions seules dans la pièce et à mon réveil elle a dit :
« Mon fils c'est le vivant, ton fils c'est le mort. »
J'ai regardé le cadavre à mon côté et j'ai cru reconnaître mon fils. Seulement ce n'était pas lui car mon enfant n'était jamais né, avorté dès mon entrée dans la race maudite.
Elle tenait dans ses bras le survivant. Je l'ai reconnu, c'était lui, c'était mon fils jamais né, l'enfant que je n'avais jamais porté et qui pourtant faisait tressaillir mes entrailles.
J'ai dit qu'elle se trompait, que l'enfant à son cou n'était pas le sien, que mon fils n'était pas le mort que j'avais déposé dans un coin de la pièce pour ne plus rencontrer son regard. Je ne savais pas si je mentais ou non.
Lorsque le Roi nous a fait comparaître, il a proposé de donner à chacune de nous une moitié de l'enfant afin que justice soit rendue. Elle s'est mise à genoux et a supplié qu'on laisse à mes bras l'enfant, à l'enfant la vie.
D'une voix qui ne tremblait pas, j'ai dit que je voulais qu'on me rende mon fils à présent que s'était démasquée l'usurpatrice. On m'a tendu le survivant, déclarant que la justice triomphait toujours. L'autre mère – la vraie ? – pleurait. Elle m'a maudite, mais ma race avait déjà été frappée du pire des anathèmes. Cela m'était égal.
Lorsque je me suis retrouvée seule avec l'enfant, il m'a souri et j'ai vu avec horreur un nouveau représentant de l'espèce humaine, un futur esclave, un énième gémissement de l'avenir. J'ai compris que vivre et mourir lui ferait plus de mal que tout mon amour.
Cette idée m'insupportait. J'ai pris le coussin à côté de moi, je l'ai appliqué sur le visage du nourrisson.
Je ne te donnerai pas cette souffrance, je te soustrais à la vie, je te soustrais à la douleur de l'existence, je te soustrais à mon amour destructeur, tu ne seras pas moi, mon fils, je te promets que tu ne seras pas moi, tu mourras innocent, il n'y aura ici personne pour te blâmer ni te montrer du doigt, tu seras un martyr, je serai seule coupable.
Le Roi a ordonné qu'on me lapide sur la place publique. C'est elle qui a jeté la première pierre. Les actes d'amour sont les plus insensés, je ne pouvais lui en vouloir. Elle aimait son fils autant que j'aimais le mien. Je crois le lui avoir volé, il est naturel qu'elle me haïsse.
Sa pierre m'a touchée au front. C'était cette douleur que je voulais épargner à l'enfant : celle de l'incompréhension. Cependant, à mesure que pleuvaient les pierres, j'ai songé que j'aimais la femme qui cherchait à me tuer, le Roi qui m'avait condamné et la foule qui me conspuait. Mon fils jamais né prenait corps dans chacun de ces êtres et j'ai réalisé que je m'étais trompée.
Le lendemain, mon cadavre souriait son amour pour l'Humanité.