Encore la pluie.

Elle fracasse le sol. Mais pour une fois ce n'est pas au réel qu'elle s'attaque... Chacun de ses coups devient multicolore. Et les larmes peignent de rouge la baignoire.

Pourquoi ? Le hurlement mortifié de la pluie est ta seule réponse. Tu serres les poings, t'as envie de te redresser, de lui cracher ta rancœur à la face ou de la rouer de coups de poing... Mais c'est inutile. Et même si ça l'était tu n'oserais jamais.
Tu te connais.

Tu l'ennuies déjà. Elle soupire sur ton passage, et ses coups désabusés n'en deviennent que plus coupants. Dis, toi... Tu crois que si je n'avais pas été si rasant, elle aurait continué à chanter ?

Mais finalement, est-ce vraiment la pluie que tu as envie de frapper et d'injurier ? Tes mains tremblent et tu y lis la réponse habituelle. Les lignes sont floues ? Peut-être, mais de toute façon c'est bien plus intelligent et tu le sais.
Allez, ta gueule, tu te rends pas compte que tu emmerdes ?

Tu te roules en boule, mais quoi ? T'espères quand même pas qu'on va te prendre en pitié ? T'es pitoyable oui, et ça s'empire, mais c'est pas comme ça qu'faut être, crétin. Bouge-toi, riposte ou casse-toi, mais arrête de parler et agis ! Non ? Tu préfères servir de toile à l'Artiste Céleste ? T'as bien raison après tout, il s'est déjà loupé une fois et en beauté, il pourra pas faire pire.

Le vertige te reprend, debout à poil comme un con sur la Tour Eiffel avec les barrières qui fondent.

Et les cris, encore. Lancinants. T'as envie de les laisser te bercer, pendant qu'ils t'écorchent le ventre, et tu caresses les stries sanglantes qui parachèvent la toile. De ton index, tu traces deux croix. Une sur chaque œil. Ça t'fait marrer, hein ? Profites-en bien, aujourd'hui t'es hystérique, tâche d'encre raturée, hier est flou et demain dissous, alors à quoi bon tenter d'être logique ? Ferme les yeux sous la peinture et propose ton deal à l'Autre sur son nuage, larmes contre lames, pour barbouiller la toile de l'Artiste d'un beau rouge et griffonner une épitaphe sanglante sur ton front -il n'y avait de toute façon plus rien à rattraper sur le papier trempé.

Kawy, je ne supporte plus la violence de tes personnages pour eux-mêmes.
Voilà, je suis désolée, c'est beau mais ça me... non, ça me met trop mal à l'aise.

En plus, il y a quelque chose d'horriblement malsain dans cette ambiance où sont réunis :
- Dieu et d'autres symboles religieux
- La couleur rouge
- Une lame
- Quelqu'un à poil au sommet d'un édifice très haut

Ce ton est trop agressif, ça me remue, donc c'est réussi puisque tu fais passer des émotions, c'est hyper bien écrit mais... bon sang, qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour que tu les maltraites comme ça ? :3

Ce commentaire est un casse-tête pour trouver une réponse :')

Quand tu parles de la violence de mes persos pour eux-mêmes, je peux considérer que tu parles de ceux de mes trois derniers textes, Avalanche, Bleu, et Coups de pinceau ?
'cause ce qui me semble plutôt réunir ces trois textes serait la folie -elle m'avait rapidement parue évidente pour les deux premiers, mais c'est vrai que celui-ci en fait également parti. (Une autre caractéristique de ces textes, bien que j'ignore pourquoi, est également l'absence de véritable personnage -"Il", "Lui", dans les deux premiers ; "Tu" ici, qui est en plus asexué, du moins si on accepte de considérer que "rasante" et "crétine" sont moches et inutilisés, donc ne viendront pas au perso quand il pense sans réfléchir.)

Evidemment, quand je parle de "folie" on est loin de la douce folie dont on aime ce targuer d'avoir, par ici :')
Pour les deux premiers, je les vois comme une différence devenue folie à cause des réactions des autres et du miroir qu'ils créent, folie qui entraîne les personnages dans cette espèce de spirale jusqu'à leur chute.
Pour celle-ci... C'est plus compliqué, parce qu'elle ne "raconte" pas comme les deux premiers, et parce que, cause de ce que je viens de dire, on ne peut pas vraiment dire qu'elle est été écrite par une personne elle-même sensée x) (c'est ça d'écrire à cette heure-là :') )
Cependant, on sent bien l'ambiance de folie que tu décris comme malsaine et qui est nommée noir sur blanc (bon, couleur bizarre-marron-presqueunpeurouge sur bleu) "hystérique", dans le dernier paragraphe -paragraphe qui justement exprime cette folie hystérique et toute sa violence, son illogisme, et en même temps son fond de lucidité prisonnier qui assiste au déchaînement.

Ce malsain et le malaise qui va avec est donc logique, puisque si c'est ce que ressent la personne, que ce soit son fond de lucidité ou... le reste ; tu cites des éléments : ce ne sont pas des choses réfléchies, uniquement ce qui est passé par le cerveau malade, des suites d'images qui toutes expriment pour le perso le malaise -enfin, j'imagine.

Donc là, pour répondre à ta question, il faudrait que je te dise pourquoi mes persos sont si tarés ? Et bien la réponse est... "Je ne sais pas." :3



(et... Ça te met si mal à l'aise ?) (cette phrase est privée de smiley, y en a pas assez pour)

T'inquiète pas Kaw, c'est pas non plus catastrophique et j'en ai vu d'autres xD

Je comprends un petit peu mieux tes intentions et peut-être que tu es juste en train de trouver ton style à travers ces trois textes mais c'est vraiment violent quand même x')

Tu savais que le mot "Hystérique" venait étymologiquement de "utérus" et donc que techniquement seules les femmes pouvaient être hystériques ? :')

J'adore cette série de textes pluvieux et tâchés... Même si c'est vrai que du coup ça n'est plus vraiment la retranscription d'un idéal, c'est intense, et ça suffit.
Je suis pas très inspirée alors je vais te dire que c'est MAGISTRAL (j'ai envie d'utiliser le mot "magistral" à chaque phrase x))
Et puis ce soupçon de désinvolture désespérée, au delà du malsain, c'est magnifique ~

Rimi, je vole les mots de l'ampoule : sache juste que je te gneuh, c'est un gars hystérique s'il le veut d'abord. Ou dis-toi qu'il est hermaphrodite

Heu... Un idéal ?
(magistralement) MERCI