Ce texte a été écrit dimanche (ou lundi ?) à minuit, je ne suis pas responsable de ce que j'écris passé 23h :p
Il hésite. Chancelle.
La terre ou le vide ? Ses bras battent violemment l'air, tentant de ne pas tomber.
Mais il a l'habitude.
Ça dure depuis longtemps déjà. Cette incertitude.
Chutera-t-il ? C'est la seule issue qu'il voit mais il en refuse l'échéance.
Se rattrapera-t-il ? Il n'arrive pas à s'imaginer sans ce vertige à l'arrière-goût amer, mais il sait que c'est toujours le cas, alors... peut-être finira-t-il par y arriver.
Où était-il avant ?
Il ne sait plus. Il l'oublie toujours. Tout ce qu'il sait, c'est qu'avant, il avait une coquille - oh, pas grand chose, une petite carapace d'escargot, pas du grand luxe ni du solide, mais ça faisait ce que ça pouvait et il avançait comme il pouvait. Mais voilà, quand on lui a proposé d'échanger cette carapace contre des bras, il n'a pas hésité - il a eu tort, oui, il le sait, seulement... C'était tellement doux. La chaleur des bras...
Maintenant, il les cherche en vain. Mais les bras ont disparu.
Ils ont compris que non, ce n'était pas cette personne-là qu'ils voulaient, et ils sont partis. C'est normal. C'est normal, mais lui il se retrouve comme un con, à poil sans sa carapace, à hurler dans ses draps et à se heurter pour ne pas exploser. Comme si ça y changeait quelque chose.
Il est toujours pareil. Tête basse, regard fuyant, gorge serrée et doigts crispés.
Il sait qu'il devrait haïr les bras. Pas que ça ait du sens - non, rien n'en a ça, de sens, pas même les larmes -, juste que... Ça serait plus raisonnable. Injuste, insensé, faux et hypocrite. Mais raisonnable -peut-être.
Il l'a réussit, une fois. Brièvement. Il a commencé par se casser la gueule, repousser le souvenir de la chaleur des bras ça fait mal, mais il a réussit à se reprendre, et même à sourire le soir. Sauf que ça n'a pas duré. Les bras, ils restent gentils. Et les bras gentils, ça vous serre quand même, au moins la main. Et la main ça suffit pour que le corps entier hurle au désespoir, tordu, le cri dans la gorge, l'acide dans l'estomac, les main-rasoirs qui essayent de les enlever, et l'écho qui se fout de sa gueule, se fout de sa gueule, se fout de sa gueule...
Le rend fou.
Mais ce n'est pas tout. Il est lâche. S'il ne l'était pas, peut-être qu'il oserait remonter. Peut-être qu'il oserait frapper quelqu'un d'autre que lui. Peut-être qu'il cesserait d'effacer ses mots plein de haine et de désespoir. Désespoir ? Pompeux. Il sait qu'il n'a rien au final, mais il est toujours trop lâche. Trop faible.
Et puisque rien n'a de sens, il hurle à la lune en pleine journée.
Et le corps se balance encore. Le vide ou la terre ? L'abandon ou la reprise ? La force ou la faiblesse ? Et ses bras s'agitent, se heurtent et se crispent, mais le vide est trop fort, mais sa lâcheté est trop présente, mais il est trop faible. Et les larmes l'alourdissent - ne restent que les mots pour l'alléger quand le vide est trop près. Les mots et l'aveuglement, écrire sans voir, écrire en pleine nuit, peu importe. Écrire. Les doigts qui valsent furieusement sur le clavier, à toute allure, c'est beau. Pas besoin de regarder les mots qui se tracent sur l'écran de toute façon trop blanc, les doigts ça suffit. C'est hypnotisant, il ne faut pas s'arrêter, sinon on pense. Et l'homme il ne veut pas penser, l'homme il veut fuir, il est toujours lâche l'homme, il promet et il évite la promesse, et il se barre dans son souffle, et... Abruti. Connard.
Une limace géante dans un magasin de porcelaine. Son épaule l'élance toujours, pas bien fort, il est lâche et le restera. Il caresse son omoplate. Ça lui fait un lien ténu avec la réalité. Des minuscules reliefs qui lui permettent d'y glisser ses doigts, et de remonter, parfois.
Il ferme les yeux. Fixe le mur noir derrière ses paupières, profitant du silence qui s'est abattu dans sa tête.
Les mots ont explosé... Alors il oublie.