Voilà, alors je m'excuse absolument pour le double emploi car j'ai posté ce texte dans les Ori-flammes. Ceci dit après les bons commentaires reçus sur EN j'ai décidé de faire partager ce texte à ceux qui viennent pas farfouiller dans les Oriflammes.
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Voilà les mots proposés par Rimi : Enjeu, pitoyables, lèvres, vide, subir, poussière, passage, trembler, hache, pire
Je déambulais avec peine dans la forêt à l'entour du lac où j'appréciais me baigner. La vigueur que me procurait l'énergie du sang de mes victimes que j'avais dilué dans cette étendue d'eau, je ne pouvais plus m'en passer. Je décidai de m'y replonger une nouvelle fois. Trouverait-on curieux de me voir traîner en ce lieu actuellement dangereux, me soupçonnerait-on ? Quoique parfois, je sentais l'étau se resserrer, dans ce lac je perdais toute notion des enjeux.
Au fond, je redevenais presque comme tout le monde ici. Je n'étais plus Jack en proie à cette instabilité, à traquer, pister et fureter, m'avancer au seuil des maisons ou sur le quai d'un métro avec une personne isolée, et faire ces mêmes mouvements amples mécaniques, la hache à la main, pour finalement regarder, avec l'expression d'un enfant disant à la maîtresse "je n'ai pas fait exprès", une tête tomber et un corps étêté s'y étendre à côté. Et j'adorais ce sentiment.
Tout cela était bien beau, mais je ne parvenais pas à trouver la "sensation parfaite". Cette sorte de saint-Graal du tueur en série. Ce dont j'étais sûr, c'était que le victime devait être sans histoire, et que je n'eusse aucun mobile pour la tuer. Je devais la choisir de telle sorte qu'il soit dangereux pour moi de m'y attaquer. Trembler soudainement en commettant l'acte, risquer de perdre le jeu du chat et de la souris avec la police. Être démasqué et tomber en captivité, là où je ne pouvais écourter l'existence de personne. C'était pour moi comme devenir poussière. Le risque est presque aussi excitant que l'acte lui-même.
Dans cette recherche, je pressentais l'installation de cette sensation de routine, conduisant à l'ennui. Il n'y avait rien de pire que cette sensation. Perdre le goût de tuer et laisser cette ville dans un océan de sûreté. Voir ces gens oisifs et pitoyables, ne plus rien subir. A ce stade de la nuit, je rentrais chez moi a priori. Cependant, j'aperçus un passage puis une ombre qui se promenait d'un mur à l'autre de l'entrée. Une occasion de briser l'habitude. J'adorais faire l'analogie avec le mouvement de cette même personne tombée entre mes griffes, qui se débat. Le crime parfait serait qu'il s'agisse d'une jeune enfant. Je lui prendrais plus d'années à vivre, je susciterais encore plus l'indignation de ces marionnettes à émotions, qui pestent et crient aux orfraies sous les ordres des titres de la grande presse. Mais j'aimais la presse car tout de même, elle parlait de moi. Tant mieux pour leur argent, tant mieux pour moi. J'étais tout ce qui importait.
Je m'avançai subrepticement. Ma déception fut abyssale quand je fis le constat que l'endroit était complètement vide. J'avais peut-être confondu avec l'ombre d'un chat, mais s'attaquer à un chat n'était pas drôle. J'aimais les éventrer à l'âge de douze ans, mais aujourd'hui j'en avais dix-sept et c'était objectivement une cible de gosses. Les petites filles, je n'avais jamais essayé. L'entendre crier sa mère, la voir remuer ses lèvres pour susurrer ce qu'elle pouvait, pendant une strangulation longue et éprouvante...
Je fus soudainement pris d'un douleur atroce dans l'omoplate gauche. Quelque chose m'avait été planté violemment. Je tentai de me retourner et aperçus une ombre. Avant de m'apercevoir de qui cela pouvait bien être, je tombai vers l'avant et restai étendu. Je ne pus entendre qu'une seule phrase.
"C'était vraiment... le crime parfait."
| J'étais tout ce qui importe => importait (concordance des temps) aujourd'hui j'en ai dix-sept => avais Quelque chose m'avait été planté violemment. => Tu es obligé de préciser à quel endroit |